Page:Du halde description de la chine volume 4.djvu/31

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ce qui est au-delà de Niptchou, des terres des Moscovites, et du Saghalien ou la, vers sa source, n’a été mis sur notre carte, que sur le rapport des Mongous, qui ne demeurent pas loin des limites et des autres Tartares lesquels ont été bien aises d’avoir une idée générale de la situation de leur pays, par rapport à celui qui est hors des bornes de l’empire. Ainsi pour avoir une connaissance certaine et exacte de ces vastes régions, il faut attendre que les Moscovites en aient donné des cartes dressées par des mathématiciens envoyés exprès pour en faire la géographie : car celles qui ont paru jusques ici, ne peuvent avoir été faites que sur des mémoires réglés par les jours de chemin, ou par l’estime, ou sur des relations incertaines, puisque dans la description des limites de cet empire et des pays voisins, on remarque partout des fautes considérables, et encore plus de confusion.



II.


DES TERRES DES MONGOLS
ou
MONGOUS.


Il faut parler maintenant de l’autre partie de la Tartarie orientale, laquelle, ainsi que nous l’avons déjà remarqué, est gouvernée immédiatement par ses princes particuliers qui relèvent de l’empereur. Elle appartient toute aux Tartares Mongols ou Mongous, que les Chinois appellent Tsao ta tse, et n’est pas moins vaste que celle qui dépend des gouverneurs mantcheoux, puisqu’elle a plus de trois cents lieues en largeur de l’est à l’ouest, sur la longueur d’environ deux cents du nord au sud, qui n’est pas égale partout comme on le verra dans la carte.

Mais sous ce nom général de Mongous, que de nations différentes ! Elles s’étendent jusqu’à la mer Caspienne ; tous ces peuples habitent sous des tentes, vivent de leurs troupeaux, vont d’un pâturage à un autre ; mettent leur habileté à savoir tirer de l’arc, à courir à cheval, et à donner la chasse aux bêtes fauves. Ils ont cependant leurs limites. Et s’il leur est permis d’errer dans cette étendue de terres déterminée par la coutume, ce serait faire un acte d’hostilité que de se placer au-delà.

Leurs terres, à parler en général, ne sont pas de nature à être cultivées. Il nous a paru que celles de Cortchin, Ohan, Naymann, que nous avons traversées deux fois dans notre retour de Pétouné et de Tçitcicar, sont les moins bonnes. Cortchin n’a que des plaines assez stériles ; faute de bois, ils se servent de fiente de cheval et de vache, qu’ils font sécher pour faire bouillir leurs marmites, et au défaut de fontaines ils creusent des puits.