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le premier jour de la seconde lune chinoise, il y eut une éclipse de soleil de plus de quatre doigts. Comme j'étais au palais, je ne pus l'observer exactement, nous préparâmes les instruments nécessaires à l'empereur pour l'observer ; et il l'observa en effet avec les Grands de la cour, auxquels il voulut donner des preuves du fruit qu'il avait tiré de ses études. Le Tribunal des mathématiques, après avoir observé cette éclipse, consulta le livre nommé Chen chou, où est marqué ce qu'il faut faire, ce qui doit arriver, et ce qui est à craindre par rapport aux éclipses, aux comètes, et aux autres phénomènes célestes, et il trouva dans le livre qu'en une pareille occasion il y avait un méchant homme sur le trône, et qu'il fallait l'en retirer pour y substituer un meilleur. Le président tartare du Tribunal ne voulut pas qu'on insérât cette remarque dans le mémorial qui devait, selon la coutume, se présenter à l'empereur sur cette éclipse. Son lieutenant disputa longtemps avec lui, et prétendait au contraire qu'on devait y insérer ce qui était dans le livre ; que c’est l'ordre du Tribunal, et qu'en le suivant, on ne pouvait désapprouver leur conduite. Le premier jour de mars l'empereur ayant su que nous commencions notre carême, et que nous ne mangions plus de viande, ordonna qu'on ne nous servît désormais que des viandes de carême et des fruits ; dès le jour même on nous apporta de dix ou douze sortes des meilleurs fruits qui soient à Peking, quoique ce ne soit pas la coutume au palais de servir des fruits à aucun de ceux qui ont bouche à cour. Le 2 il partit d'ici un corps de huit ou dix mille cavaliers effectifs, qui faisait quarante ou cinquante mille hommes, en comptant les valets que les Tartares font servir de soldats au besoin ; ils ont soin d'instruire leurs gens à tirer de l'arc dès leur jeunesse, afin de leur pouvoir procurer des places de cavalier ou au moins de fantassin, en quoi ils trouvent leur compte, parce qu'ils profitent de la paye de leurs gens, et s'il y en a même quelques-uns qui fassent des actions de valeur, c'est le maître qui en reçoit la récompense. Ces troupes étaient envoyées du côté de Koukou hotun, ville dans la Tartarie occidentale, pour observer de là les mouvements du roi d'Eluth qui faisait des courses de ce côté là, et qui pillait les Tartares de Kalka, et les Mongous sujets de cet empire. Le 10 l'empereur nous fit dire que puisque nous prenions la peine d'aller tous les jours au palais, il n'était pas juste que nous entretinssions pour cela des chevaux à nos dépens, et que désormais il nous ferait envoyer des chevaux de son écurie, ce qui s'exécuta dès le lendemain matin qu'on commença à nous amener à chacun un de ces petits chevaux de la province de Se tchuen, qui marchent extrêmement vite, avec un homme à cheval, pour nous suivre, et ramener les chevaux à l'écurie de l'empereur, après que nous nous en serions servis. Le 15 l'empereur apprit que la plupart des soldats de Peking étaient chargés de dettes, et que la meilleure partie de leur paye s'employait à payer