Page:Du halde description de la chine volume 4.djvu/305

Cette page n’a pas encore été corrigée

que ce chemin de terre fût ouvert, afin de pouvoir envoyer de nos Pères plus promptement, et sans courir les dangers de la mer. L'empereur qui m'écouta attentivement, parut approuver cette pensée. Le 27, ayant achevé d'expliquer la géométrie pratique avec les démonstrations, l'empereur déclara qu'il voulait recommencer à lire les éléments de géométrie que nous lui avions expliqués en langue tartare ; et comme il les fait traduire en chinois, il dit qu'on lui apporterait tous les jours quelques propositions de la traduction, qu'il la reverrait avec nous et la corrigerait lui-même ; et qu'après avoir corrigé la version chinoise, il reverrait encore le texte tartare ; que cependant nous continuerions à venir tour à tour au palais le père Bouvet et moi. Le 28 dernier jour de l'année chinoise, l'empereur qui avait entièrement quitté les restes du deuil qu'il avait gardé jusque-là, après avoir fait préparer des réjouissances pour le commencement de la nouvelle année, traita le soir les Grands de sa cour et leur donna la comédie, lorsqu'ils vinrent, suivant la coutume, lui faire les compliments de la fin de l'année, qu'ils appellent tse mien, c'est-à-dire, l'adieu de l'année ; ces compliments consistent en trois génuflexions et en neuf battements de tête ordinaires. Ce prince se souvint de nous en cette occasion, et nous envoya deux tables de douze plats de viandes, et vingt-deux plats de fruit. Quoique ces viandes et ces fruits soient ordinairement mal préparés, au moins selon le goût des Européens, on ne laisse pas d'en faire beaucoup de cas, parce que c’est un honneur singulier. L'empereur avait coutume d'appeler autrefois nos Pères à ces festins solennels, mais lui ayant fait représenter que la modestie de notre profession ne s'accorde pas avec ces assemblées de réjouissance, il a pris l'habitude de nous envoyer en notre maison une part du festin, ce qu'il ne fait à personne ; nous reçûmes cette marque de la bienveillance impériale, avec les sentiments de respect, et les remercîments accoutumés. Le 29 premier jour de l'année chinoise nous allâmes dès le matin au palais pour saluer l'empereur, qui entrait ce jour-là dans la trentième année de son règne ; on nous apporta de sa part du thé tartare, et il nous fit dire, que donnant encore ce jour-là un festin aux grands et aux principaux mandarins de sa cour, il nous enverrait encore trois tables semblables à celles du jour précédent, dont nous le remerciâmes selon la coutume. Le 30 nous allâmes saluer les régulos de notre connaissance ; les trois fils d'un régulo qui mourut il y a deux ans, et qui était fort de nos amis, nous voulurent voir, et nous traitèrent avec beaucoup de bonté. Le cinquième de février l'empereur partit d'ici pour aller à sa maison de plaisance de Tchang tchun yuen où il avait fait préparer les divertissements de la nouvelle année chinoise, qui consistent en comédies, petits jeux, et surtout en des illuminations d'une infinité de lanternes faites de corne, de papier, et de soie de diverses couleurs, et peintes avec des figures et des paysages. On y fait aussi des feux de joie. Sa Majesté ordonna en partant, que nous allassions de deux jours l'un la voir, comme nous avions fait l'été précédent.