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généraux eussent pris le parti d'excuser, comme ils le pouvaient, leur généralissime, peut-être que l'affaire en serait demeurée là ; mais chacun voulant se justifier, trois ou quatre des Grands de l'empire qui servaient de conseil au frère aîné de l'empereur, présentèrent une requête, où rejetant sur lui toute la faute, ils l'accusaient de lâcheté, et de s'être amusé à chasser, et à jouer des instruments, au lieu de veiller à la conduite de l'armée, sur quoi ils prenaient à témoin le fils aîné de l'empereur ; on l'interrogea à son tour, mais il répondit qu'il ne lui convenait pas d'être l'accusateur de son oncle, et qu'il n'avait rien à dire. Le frère aîné de l'empereur se voyant accusé par les Grands de l'empire, se défendit le mieux qu'il put ; il fit voir qu'il n'était pas seul coupable, et que ceux dont on avait formé son Conseil, et qui se plaignaient de lui, auraient dû lui proposer de poursuivre les ennemis, s'ils jugeaient à propos de le faire ; que néanmoins personne ne lui avait rien représenté de semblable, et que du reste ils n'avaient pas fait paraître plus de bravoure que lui, puisque pas un d'eux n'avait reçu la moindre blessure. Le Tribunal de Tçong gin fou, à qui il appartient de juger les affaires des régulos, des princes du sang, et des officiers de la couronne, et dont un des principaux régulos est le chef, voyant que les témoignages ne s'accordaient point, jugea que l'on enfermerait le généralissime dans le Tribunal de Tçong gin fou, et qu'on mettrait les Grands en prison, où l'on instruirait leur procès. L'empereur, au lieu de déférer à cette sentence, répondit que la faute ne méritait pas une si rude punition, et il ordonna qu'après que le genéralissime et les autres officiers-généraux auraient achevé de donner leur réponse, on les laissât entrer dans la ville et aller chacun chez eux ; seulement le genéralissime s'étant présenté au palais, et ayant demandé permission de saluer l'empereur, Sa Majesté refusa de l'admettre en sa présence, et le renvoya dans son hôtel. Les jours suivants le Tribunal examina cette affaire, et il décida que le généralissime serait privé de sa qualité de régulo, et que les quatre grands qui lui servaient de conseil, de même que les officiers-généraux perdraient leurs charges. L'empereur différa longtemps de répondre sur cette sentence, et cependant on fit mettre en prison tous les officiers qui avaient eu soin de l'artillerie, parce que le jour de la bataille ils avaient abandonné la plus grosse pièce de canon, qui aurait pu être enclouée par les ennemis, si la pensée leur en fût venue. Enfin Sa Majesté devant partir le deuzième janvier, elle termina la veille cette affaire ; ses deux frères et les autres Grands et officiers-généraux qui avaient des dignités titulaires de cong, qui ressemblent à celles de nos ducs et pairs, furent condamnés à perdre trois années de leurs revenus ; les deux régulos à perdre aussi trois compagnies de leurs gardes ; les autres Grands et officiers généraux qui n'avaient que de simples charges, furent abaissés de quatre degrés ce qui les fit descendre de deux ordres, en sorte