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Thomas dans la chambre de l'empereur ; nous fûmes près de deux heures avec lui. Il tournait lui même les feuillets, à mesure que je lui lisais l'explication tartare ; puis il se fit expliquer la manière de déterminer l'ombre d'un style. Le premier jour de novembre ayant été appelés dans la chambre de l'empereur pour lui faire nos explications accoutumées, il nous fit asseoir proche de sa personne, sur la même estrade où il était assis lui-même, et nous traita avec beaucoup de bonté. Nous voulûmes nous excuser de cet honneur qu'il fait à peine à ses enfants, mais il nous le commanda absolument. Le 3 après avoir fait à S. M. notre explication accoutumée, il nous envoya dire que comme nous venions tous les jours au palais pour son service, et que l'hiver approchait, il craignait que nous ne souffrissions du froid, et que pour prévenir cette incommodité, il voulait donner à chacun de nous une longue veste fourrée, de même qu'aux pères Gabiani et Suarez, qui demeurent en notre maison, et pour qui il avait de l'estime ; et afin que ces habits nous fussent propres, on nous obligea d'envoyer le lendemain un de nos habits, afin de les faire servir de modèle à ceux que Sa Majesté voulait nous donner. Le 9 l'empereur ayant déclaré qu'il voulait aller à la maison de son oncle maternel, qu'on devait porter à sa sépulture le lendemain, les Grands de l'empire et le frère même du défunt, firent des remontrances à Sa Majesté, pour la supplier de ne pas prendre cette peine, sur quoi l'empereur dit qu'il enverrait ses enfants à sa place. Le 10 nous assistâmes à l'enterrement de Kiou kieou ; le convoi était fort nombreux ; le fils aîné de l'empereur, et deux autres de ses enfants, deux autres régulos, plusieurs princes du sang impérial, et la plupart des Grands de l'empire accompagnèrent les cendres de ce seigneur jusqu'à sa sépulture, qui est environ à une lieue et demie de la ville. Sa Majesté avait fait vaquer les tribunaux pour faire honneur au défunt, et afin que tous les Grands du palais et les autres officiers de sa maison qui ne seraient pas de garde, pussent assister à l'enterrement, les ministres d'État, les chefs des cours souveraines de Peking, les chefs des étendards, et les autres Grands de l'empire s'y trouvèrent la plupart. Le reste de la pompe funèbre était à peu près semblable à celle qui se fit à l'entrée de Peking, ainsi que je l'ai décrite. Lorsque l'on fut arrivé à la sépulture, et qu'on eut placé l'urne sous le dais qu'on lui avait préparé, les enfants de l'empereur accompagnés des régulos et des autres Grands de l'empire, firent les cérémonies ordinaires devant le tombeau du père et de la mère de Kiou kieou, qui le sont également de l'empereur, et par conséquent aïeuls de Sa Majesté, après quoi chacun se retira. Le 20 nous fûmes appelés au Tribunal des colao, pour traduire du tartare en latin une lettre qu'on envoyait au gouverneur de Niptchou. Cette lettre était écrite au nom du seigneur Song ho tou, qui était le chef des plénipotentiaires qui traitèrent de la paix avec les Moscovites. Il leur donnait avis des hostilités que le roi d'Eluth avait faites cette année sur les terres