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ordinaire ; ensuite nous remontâmes tous à cheval, et nous nous joignîmes au convoi. Lorsque nous fûmes arrivés à trois quarts de lieue du lieu où l'on devait camper, parut une grosse troupe de parents du défunt, tous vêtus de deuil. Les enfants et les neveux avec tous leurs domestiques, vêtus de deuil, mirent pied à terre, et commencèrent à pleurer autour de la chaise où étaient les cendres ; ils marchèrent ensuite à pied, toujours en pleurant jusqu'environ à un demi quart de lieue, que les deux grands envoyés de l'empereur les firent remonter à cheval. On continua la marche, durant laquelle plusieurs personnes de qualité, parents ou amis du défunt, vinrent par troupes lui rendre leurs devoirs. Lorsqu'on fut arrivé à un quart de lieue de l'endroit où le convoi devait camper ce jour-là, le fils aîné de l'empereur, accompagné du quatrième fils de Sa Majesté, envoyés tous deux pour faire honneur au défunt, parurent avec une nombreuse suite de personnes de la première distinction de la cour ; tout le monde mit pied à terre ; aussitôt que les enfants de l'empereur furent descendus de cheval on fit doubler le pas aux porteurs de la chaise jusqu'à ce que l'on fût arrivé proche des princes, devant lesquels on posa la chaise à terre ; ils pleurèrent là quelque temps, et toute leur suite, affectant de faire paraître beaucoup de tristesse ; après quoi ils remontèrent à cheval, et s'éloignant un peu du grand chemin, ils vinrent toujours suivant le convoi, jusqu'à ce qu'on fût arrivé au lieu où étaient dressées les tentes ; on rangea devant la tente du défunt les lances et les chevaux de main, et après avoir tiré le coffre où étaient les cendres, on le mit sur une estrade dans le milieu de la tente ; au-devant on plaça une petite table. Les deux princes arrivèrent aussitôt, et l'aîné entrant dans la tente, et se mettant à genoux devant le coffre où reposaient les cendres, il éleva trois fois une petite tasse de vin jusqu'au-dessus de sa tête, et versa ensuite le vin dans une grande tasse d'argent qui était sur la table, se prosternant chaque fois jusqu'à terre. Cette cérémonie achevée, les princes sortirent, et après avoir reçu les remercîments accoutumés des enfants et des neveux du défunt, ils remontèrent à cheval et s'en retournèrent à Peking. Pour nous autres, nous nous retirâmes dans une méchante chaumine qui était proche, où nous passâmes la nuit. Le 9, dès la pointe du jour le convoi partit ; comme on devait ce jour-là entrer dans la ville, une troupe de domestiques accompagna les cendres, pleurant et se relevant tour à tour ; tous les officiers de son étendard, et une grande quantité des seigneurs les plus qualifiés de la cour vinrent les uns après les autres rendre leurs devoirs à ce seigneur, qui était généralement estimé et aimé, et qui avait la réputation d'un homme droit et bienfaisant ; entr'autres un des plus considérables princes du sang régulo du second ordre et gendre du défunt, vint jusqu'à trois lieues de la ville, et après lui avoir rendu les honneurs accoutumés, l'accompagna jusqu'à la maison. A mesure qu'on approchait de