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pas que ses ordres fussent exécutés de la sorte, commanda sur-le-champ qu'on restituât tout ce qui avait été pris, excepté les chevaux qu'il obligea de payer selon la taxe qu'il y avait mise ; il défendit pareillement qu'on passât outre, et il fit punir ceux qui avaient fait quelque violence ; ce qui apaisa incontinent le tumulte. Le 31 l'empereur fit dire aux tribunaux, que dans la nécessité où il était de chevaux pour faire son voyage, ceux des mandarins qui n'allant pas à l'armée, lui fourniraient quelques chevaux, rendraient un grand service à l'État ; il fit aussi publier que tous ceux qui voudraient servir à l'armée à leurs frais, y seraient bien reçus, et qu'on aurait ensuite égard à leur mérite dans la distribution des charges. Le second jour d'août l'empereur fit distribuer quatre à cinq cents mille taëls aux soldats qui devaient partir pour l'armée, mais on ne donna rien aux officiers. Le 4 les princes du sang, les officiers de la couronne, et les chefs de tous les tribunaux suprêmes de l'empire, présentèrent à l'empereur une requête, pour le supplier de ne pas aller en personne à l'armée, et même de ne pas sortir de Peking dans les circonstances présentes ; ils apportaient pour raison, que son départ pourrait causer du trouble et de la frayeur parmi le peuple, surtout dans les provinces du sud, où l'on s'imaginerait que tout était perdu, si on savait que Sa Majesté était sortie de sa capitale. L'empereur déféra à cette requête, et consentit à différer son départ de quelques jours. Il nomma son frère aîné pour généralissime de toute l'armée, et il accorda à son fils aîné âgé de dix-neuf ans, la grâce qu'il avait demandée d'abord d'être de cette expédition. Le 5 les troupes destinées pour composer l'armée de Tartarie, commencèrent à défiler, et continuèrent le 6 le 7 et le 8. Plusieurs régulos et princes du sang partirent avec les officiers et soldats de leurs maisons. Le 9 le fils aîné et le frère aîné de l'empereur généralissime de l'armée, furent traités par Sa Majesté dans le palais, suivant la coutume des Tartares, qui est de régaler leurs proches, lorsqu'ils doivent faire quelque long voyage, et surtout lorsqu'ils vont à l'armée. Le 10 le frère et le fils aîné de l'empereur partirent avec le reste des troupes, pour se trouver au rendez-vous de l'armée. Sa Majesté leur fit l'honneur de les accompagner avec le prince héritier de l'empire, et deux autres de ses enfants ; nous y allâmes aussi le père Pereira et moi, parce qu'on nous avait averti que nous devions le faire. Nous vîmes ce jour-là toute la cour assemblée, qui était à la suite de l'empereur. Le cortège était fort nombreux, car il était composé de tous les régulos, des princes du sang, des Grands de l'empire, et des autres officiers de la maison de l'empereur ; mais quoique cette suite eût quelque chose de grand et de majestueux, cependant comme il n'y avait ni trompettes, ni timbales, ni aucune autre marque de magnificence, elle avait je ne sais quoi de triste et de lugubre. Devant la personne de l'empereur marchaient huit ou dix chevaux de main enharnachés assez modestement, plusieurs