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laoyé l'avertit de l'insulte qu'on avait faite aux chrétiens de Chan tong. Sa Majesté après avoir lu les lettres qu'on avait écrites à ce sujet, nous fit dire que nous ne fissions point de bruit de cette affaire, et qu'elle y mettrait ordre. Tchao laoyé lui avait dit de notre part que nos Pères qui sont dans les provinces, étaient tous les jours exposés à de pareilles insultes, et que n'étant venus en ce pays-ci que pour y prêcher la religion du vrai Dieu, nous étions sensibles à ce qui la touchait, plus qu'à toute autre chose du monde. Le 8 l'empereur envoya quérir les pères Pereira et Thomas, et il fit faire à celui-ci des calculs de mesurage ; pendant qu'il travaillait à part, Sa Majesté écrivit un billet en tartare qu'il voulut montrer au père Pereira, mais le Père lui ayant témoigné qu'il n'était pas assez exercé à la lecture de cette langue, l'empereur lui dit le contenu de sa lettre ; savoir, qu'il avait donné ses ordres sur l'affaire des chrétiens de Chan tong dont nous lui avions fait parler la veille ; après que les Pères l'eurent remercié de cette faveur, et qu'ils eurent achevé leur calcul et leur mesurage, il les congédia, en leur disant qu'il n'était pas nécessaire de revenir le lendemain, parce qu'il devait aller le jour suivant à Peking. Le 10 l'empereur revint à Peking, pour honorer, selon la coutume, les empereurs ses prédécesseurs ; après la cérémonie il dépêcha les affaires de ce jour-là, et vint dans l'appartement où nous étions. Il demeura plus de deux heures avec nous, tant à se faire expliquer les propositions de géométrie que nous lui avions préparées, qu'à faire faire des calculs de triangle par les tables des logarithmes, qu'on venait de mettre en chiffres chinois par son ordre ; il prit beaucoup de plaisir à voir l'avantage qu'il retirait de ce qu'il avait déjà appris des éléments de géométrie, pour lui faciliter l'intelligence des pratiques de géométrie, dont il avait demandé l'explication. Le 12 nous commençâmes à aller comme auparavant à la maison de plaisance de l'empereur, nous lui fîmes notre explication accoutumée, et il nous traita avec sa bonté ordinaire, témoignant beaucoup d'impatience d'entendre au plus tôt ce qu'il y a de plus nécessaire et de plus utile dans les éléments de géométrie, et parlant déjà de nous faire mettre la philosophie en tartare. Le 14 nous continuâmes à aller à la maison de plaisance de l'empereur, en qui nous trouvâmes plus d'ardeur que jamais pour apprendre les éléments de géométrie ; il nous dit d'abord qu'il avait lu l'explication que nous lui avions préparée, et pour nous montrer qu'il la comprenait, il nous fit en gros les démonstrations sur les figures que nous avions tracées, ensuite il relut devant nous notre explication, qu'il entendait effectivement fort bien, puis il nous fit beaucoup de questions sur notre voyage, et sur les lieux où nous avions passé en venant à la Chine. Après s'être ainsi entretenu familièrement avec nous pendant assez de temps, il recommença à se faire expliquer les raisons d'une pratique de géométrie que le père