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Thomas, qu'il trouva par hasard dans un coin, et il sortit aussitôt, ordonnant qu'on nous menât l'après-midi à sa maison de plaisance pour y faire notre explication, ce qui s'exécuta, quoiqu'il plût à verse tout le jour. Après que nous eûmes achevé notre explication, et qu'il eut fait encore avec nous une épreuve de son petit cercle divisé, il ordonna à celui des eunuques qui sont en sa présence, et qui a le plus d'esprit et le plus de part dans ses bonnes grâces, de nous faire voir l'appartement qui est le plus propre et le plus agréable de toute cette maison de plaisance, ce que l'on nous dit être une faveur fort spéciale, parce que ce n’est pas la coutume de laisser entrer qui que ce soit dans ces lieux intérieurs, qui sont réservés à la personne seule de l'empereur. Cet appartement est propre, mais sans avoir rien de grand ni de magnifique ; il y a de petites solitudes fort agréables, de petits bosquets d'une sorte de bambous fort propres, des bassins et des réservoirs d'eau vive, mais tous petits et revêtus seulement de pierres sans aucunes richesses : ce qui vient en partie de ce que les Chinois n'ont nulle idée de ce que nous appelons bâtiments et architecture, et en partie de ce que l'empereur affecte de faire voir, qu'il ne veut pas dissiper les finances de l'empire pour ses divertissements particuliers. Sur quoi je ne puis m'empêcher de remarquer en passant, que soit naturel, soit affectation, l'empereur est extrêmement réservé par rapport à sa dépense particulière, et aux gratifications qu'il fait, quoiqu'il soit sans contredit le plus riche prince du monde ; mais il faut avouer qu'en ce qui concerne les dépenses publiques, et l'exécution de ce qu'il entreprend pour le bien de l'État, il n'épargne rien et ne plaint pas la dépense, quelque grande qu'elle soit ; il est aussi fort libéral à diminuer les tributs du peuple, lorsqu'il s'en présente l'occasion, comme lorsqu'il va voyager dans quelques provinces, ou lorsqu'on a souffert de la disette des vivres. Avant que de sortir d'auprès de l'empereur, il nous dit qu'il allait le lendemain à sa maison de plaisance de Tchang tchun yuen, qui est à deux lieues et demie de Peking du côté du couchant, et il ordonna que nous allassions le trouver là de deux jours l'un, pour continuer l'explication des éléments de géométrie ; il nous fit dire encore que ce jour-là même il avait eu intention de pêcher dans le lac, et de nous donner le poisson qu'il prendrait, mais que la pluie l'en avait empêché. Le 28 l'empereur alla dès le matin à sa maison de plaisance. Le 29 nous allâmes, selon l'ordre de Sa Majesté, à la maison de plaisance nommée Tchang tchun yuen, qui veut dire, jardin du printemps perpétuel, du printemps de longue durée. Nous entrâmes d'abord jusque dans l'endroit le plus intérieur de cette maison, et peu après que nous fûmes arrivés, Sa Majesté nous envoya plusieurs mets de sa table, tous dans des porcelaines très fines et jaunes par dehors, telles qu'il n'y a que l'empereur qui puisse s'en servir. Ensuite il nous fit venir dans l'appartement où il était logé, qui est le plus gai et le