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Le 8 étant allés le père Bouvet et moi avec les pères Pereira et Thomas dans l'appartement d'Yang sin tien. Sa Majesté y vint dès le matin, et demeura deux heures avec nous ; il lut ce que nous avions décrit en lettres tartares, et se fit expliquer la première proposition du premier livre d'Euclide ; après en avoir bien compris l'explication que nous lui fîmes, il l'écrivit lui-même de sa propre main, suivant ce que nous lui dictions, corrigeant seulement les termes et le langage ; il fit paraître beaucoup de satisfaction de notre travail, et nous dit qu'il fallait continuer à le faire chaque jour de la même sorte. Sa Majesté nous donna ce jour-là à chacun deux pièces de satin noir, et vingt-cinq taëls ; non pas, dit-il, qu'il prétendait par là récompenser la peine que nous prenions pour lui, mais parce qu'il avait remarqué que nous étions mal vêtus. Le 9 nous fûmes appelés dans l'appartement de Kien tsin cong, où nous fîmes l'explication de la seconde proposition ; comme elle est un peu plus embarrassée et plus difficile que la première, Sa Majesté eut plus de peine à la comprendre ; il différa jusqu'au lendemain à la mettre au net, afin de se la faire répéter encore une fois. Le 10 nous lui fîmes cette explication, et après la lui avoir bien fait comprendre, nous la lui dictâmes, et il l'écrivit de sa main, comme la première, corrigeant le langage, comme il avait déjà fait. Tchao laoyé lui représenta que les six premiers livres d'Euclide traduits en chinois, avec l'explication de Clavius par le père Ricci, avaient aussi été depuis quelques années traduits en tartare par un homme habile que Sa Majesté avait nommé elle-même ; et qu'encore que cette traduction ne fût pas juste ni aisée à entendre, elle ne laisserait pas de nous aider beaucoup à préparer les explications d'Euclide, et à les rendre plus intelligibles, surtout si on faisait venir le traducteur, pour nous aider et pour les écrire en tartare, ce qui épargnerait à Sa Majesté la peine de les écrire elle-même. L'empereur goûta fort cette proposition, et ordonna qu'on nous mît entre les mains la traduction tartare, et qu'on fît venir le traducteur. Le 11 l'empereur ayant été fort satisfait de la clarté et de la netteté avec laquelle nous lui avions expliqué, et mis par écrit la troisième proposition, ordonna qu'outre le traducteur qui nous avait aidé le jour précédent, on fît encore venir tous les jours le plus habile des trois maîtres qu'on nous avait donné au Tribunal du Poyamban, afin de nous aider à préparer nos explications, et de continuer à nous exercer dans la langue, et il voulut qu'on nous mît dans une chambre particulière proche de cet appartement, où nous ne fussions interrompus de personne. Les 12 et 13 nous continuâmes nos explications avec une égale satisfaction de Sa Majesté. Le 14 l'empereur partit de Peking pour aller à la sépulture de son aïeule, et de là à des bains d'eau chaude qui en sont proche ; il ordonna en partant que nous continuassions notre travail dans l'appartement qu'il nous avait marqué, comme s'il était présent. Le 22 l'empereur étant retourné à Peking, il vint dès le soir même à l'appartement de Yang sin