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mais surtout c'est une faveur singulière, quand Sa Majesté admet quelqu'un à la faire en sa présence ; ce qui ne se fait guère que la première fois qu'on a l'honneur de voir l'empereur, ou en quelque occasion considérable, et que par des personnes d'un rang distingué. En effet, lorsque les mandarins vont de cinq en cinq jours au palais pour y rendre leurs respects à Sa Majesté, quoiqu'ils le fassent toujours en habits de cérémonie, et avec les mêmes formalités, l'empereur ne s'y trouve presque jamais en personne, et ils ne le font que devant son trône ; il n'y était pas même ce premier jour de l'année, lorsque nous vîmes tous les mandarins des tribunaux et des officiers de guerre s'acquitter de ce devoir. Au reste cette cérémonie se fait avec beaucoup de précaution et d'exactitude ; car il y a là des censeurs qui examinent toutes choses, et c'est une faute qui ne demeure pas impunie, que de manquer de gravité dans cette occasion, ou de s'acquitter de ce devoir légèrement et par manière d'acquit. Comme Sa Majesté était allée dès le matin, selon la coutume, honorer ses ancêtres dans le grand palais qui est destiné à cette cérémonie, une partie de l'équipage qui l'avait accompagné, était encore rangée dans cette troisième cour, et dans la quatrième. Dans la troisième il y avait quatre éléphants assez superbement enharnachés, et beaucoup plus magnifiquement que ne le sont ceux que nous avons vu à la cour du roi de Siam ; quoique ces éléphants ne fussent pas si beaux, ils étaient chargés de grosses chaînes d'argent, ou au moins de cuivre doré, ornées de quantité de pierreries, ils avaient les pieds bien enchaînés l'un à l'autre, de peur de quelque accident. Ils portaient chacun une espèce de trône, qui avait la forme d'une petite tour ; mais ces trônes n'étaient pas fort magnifiques. De plus il y avait encore quatre autres trônes, portés chacun par certain nombre d'hommes, et c'était sur l'un de ceux-ci que l'empereur avait été porté au palais de ses ancêtres. En entrant dans la quatrième cour, nous y vîmes deux longues files d'étendards de différentes formes, et de diverses couleurs, de lances avec des touffes de ce poil rouge, que les Tartares mettent sur leur bonnet en été, et différentes autres marques de dignité qu'on porte devant l'empereur, quand il marche en cérémonie ; ces deux files s'étendaient jusqu'au bas du degré de la grande salle, dans laquelle l'empereur donne quelquefois audience ; ces gens qui portaient ces marques de la dignité impériale, avaient aussi des habits de cérémonie, mais fort communs, et qui ne sont distingués que par leur couleur bigarrée. Au-dedans de ces files, il y avait quelques-uns des chevaux de l'empereur, assez bien enharnachés, et conduits par des estafiers. Dans la salle les régulos, les princes du sang, et tous les Grands de l'empire étaient rangés chacun selon son rang, et y attendaient l'empereur pour lui rendre leurs respects. Après avoir traversé cette cour, nous entrâmes dans la cinquième, au