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que les gens de l'empereur qui les avaient vus, quand nous arrivâmes, en convinrent eux-mêmes. Sa Majesté nous fit dire que nous examinassions bien tous les usages de ces instruments, afin de les lui expliquer clairement. Il ajouta que nous apportassions le lendemain matin les autres instruments que nous avions en notre maison, propres à mesurer les élévations et les distances des lieux, et à prendre les distances des étoiles. Le 16 nous revînmes au même appartement, et l'on envoya chercher le père Suarez ; cet appartement consiste en un corps de logis à deux ailes. Le corps de logis qui est tourné droit au sud, est composé d'une salle avec deux grands cabinets, un de chaque côté ; sur le devant de la salle il y a une galerie d'environ quinze pieds de large, qui n'est soutenue que par de grosses colonnes de bois, avec une charpenterie peinte, et enrichie de sculpture et de dorure, mais sans plafond, pavée de grands carreaux de brique qu'on a soin de frotter et de rendre aussi clairs que le marbre. La salle n’est pas fort magnifique ; elle a une estrade au milieu élevée d'environ un pied de terre, sur laquelle il y a un tapis de pied, assez semblable à nos tapis de Turquie, mais fort commun, ce sont de grands dragons qu'on voit sur ce tapis. Le trône de l'empereur qui n'est proprement qu'une grande chaise à bras de bois doré, est au fond de cette estrade ; le lambris de la salle est doré et peint, mais d'une manière assez commune ; au milieu du lambris est un dragon en sculpture, qui tient un globe pendu à sa gueule. Des deux côtés de la salle on voit de grandes chambres qui peuvent avoir chacune trente pieds en carré ; celle qui est à gauche en entrant était pleine d'ouvriers, c'est-à-dire, de peintres, de graveurs, de vernisseurs ; il y avait aussi beaucoup de livres dans des armoires fort simples. L'autre chambre est celle où l'empereur s'arrête d'ordinaire, quand il vient dans cet appartement ; elle est pourtant extrêmement simple, sans peinture, sans dorure, et sans tapisserie ; il n'y a que du papier blanc collé sur les murailles ; sur le devant du côté du sud, il y a une estrade haute d'environ un pied et demi, qui va d'un bout de la chambre à l'autre ; cette estrade n’est couverte que de tapis de laine blanche fort commune. Au milieu il y a un matelas couvert de satin noir, sur lequel s'assied l'empereur, et une espèce de chevet pour s'appuyer. A côté on voit une petite table de la hauteur d'environ un pied d'un bois vernissé assez propre, sur laquelle est l'écritoire de sa Majesté avec quelques livres, une cassolette, et des pastilles en poudre sur un petit tabouret. Cette cassolette était faite d'un mélange de métaux estimés à la Chine, quoique ce ne soit la plupart que du cuivre ; mais cette espèce de cuivre est fort ancien et fort rare. Il y avait proche du lieu où Sa Majesté passait, quelques-uns des fruits de cire que nous lui présentâmes à notre arrivée à Peking. Cette chambre était ornée d'une armoire pleine de livres chinois, et de plusieurs tables chargées de bijoux et de raretés, de toute sorte de petites coupes d'agate de diverses couleurs, de porphyre, et de semblables pierres précieuses, de petits ouvrages d'ambre, jusqu'à des noix percées à jour avec beaucoup d'adresse ; j'y vis aussi la plupart des cachets de Sa Majesté, qui sont dans un petit coffre de damas jaune fort propre ; il y en a de