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touchant la comète, sur laquelle le Tribunal des mathématiques venait de donner un mémoire. Le 15 la comète ne parut presque plus, à cause des vapeurs qui étaient à l'horizon, et parce qu'elle était déjà fort éloignée ; on l'observa encore quatre ou cinq jours à l'observatoire, d'où on ne distinguait qu'à peine la lueur de la queue, tant elle devenait faible. On n'a point vu sa tête qui était encore dans les rayons du soleil, lorsque sa queue a tout à fait disparu. Le 31 l'empereur retourna ici de son parc, nommé en chinois Hai tseë, où il était allé depuis douze ou quinze jours prendre le divertissement de la chasse ; ce parc est plein de cerfs, de chevreuils, de lièvres, de faisans. Le premier jour de l'année 1690 nous allâmes dès le matin au palais demander selon la coutume des nouvelles de la santé de l'empereur, qui nous fit donner du thé tartare, dont il use lui-même. Il nous fit faire diverses questions sur quelques remèdes, et entr'autres sur les cautères, s'informant comment on les appliquait en Europe, en quelle partie du corps, et pour quelle sorte de maladie.

Le 5 nous fûmes appelés au palais le père Pereira et moi de la part du Tribunal du grand-maître de la maison de l'empereur, qu'on nomme en tartare Poyamban, pour recevoir ce que Sa Majesté avait ordonné qu'on nous donnât en considération des quatre peaux de renard noir que nous lui avions offertes. Ce don de l'empereur fut de dix pièces de soie, satin et damas, que les officiers des magasins du palais nous mirent entre les mains. Nous allâmes aussitôt en remercier l'empereur avec les cérémonies accoutumées. Le 10 un des gentilshommes de la chambre de l'empereur vint chez nous de la part de Sa Majesté, pour nous dire de nous rendre au palais le lendemain, afin de lui expliquer l'usage des instruments de mathématiques, que nos Pères lui ont donné en divers temps, ou qu'ils lui ont fait faire à l'imitation de ceux d'Europe. On nous ajouta que l'intention de Sa Majesté était que je parlasse en tartare, et que lorsque je ne pourrais pas bien m'expliquer en cette langue, le père Pereira parlerait en chinois. On nous permettait aussi d'amener un des trois autres Pères à notre choix. Le 15 nous allâmes au palais les pères Pereira, Thomas, et moi, selon l'ordre que l'on nous en avait donné. Nous fûmes introduits dans l'un des appartements de l'empereur, nommé Yang sin tien, dans lequel travaillent une partie des plus habiles ouvriers, peintres, tourneurs, orfèvres, ouvriers en cuivre, etc. Là on nous fit voir les instruments de mathématiques, que Sa Majesté avait fait placer dans des boîtes ou layettes de carton assez propres, et faites exprès. Il n'y avait pas d'instruments fort considérables ; tout consistait en quelques compas de proportion, presque tous imparfaits, plusieurs compas ordinaires grands et petits de plusieurs sortes, quelques équerres et règles géométriques, un cercle divisé d'environ un demi pied de diamètre avec ses pinnules. Le tout fait assez grossièrement, et bien éloigné de la propreté, et de la justesse dont étaient faits les instruments que nous avons apportés, ainsi