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ou que vous ne soyez bientôt détruits par vos voisins, qui ne sont pas d'humeur à souffrir ces désordres. En effet la plupart des taikis qui sont de la maison de ce prétendu empereur, et qui sont tous ses vassaux, se sont soustraits à son obéissance ; les uns se sont soumis aux Moscovites, et les autres se sont rendus indépendants ; il n'y en a guère qui ne soient plus riches que lui. La visite achevée, la tente de Kiou kieou demeura si infectée de la puanteur de ces Kalkas qui y avaient été assis quelque temps, que nos ambassadeurs furent obligés de s'en éloigner, et d'aller prendre le grand air. Le 26 So san laoyé et Ou laoyé prirent la poste pour se rendre en diligence auprès de Sa Majesté, qui devait partir le 21 de ce mois, pour venir à la chasse du cerf dans les montagnes qui sont au-delà de la grande muraille, dans le lieu même où nous l'allâmes trouver l'année passée ; l'empereur avait ordonné avant notre départ, qu'en cas que l'affaire que nous allions traiter, réussît, ces deux ambassadeurs prissent la poste, lorsque nous arriverions proche des limites de l'empire. Ce prince est sorti fort tard cette année pour la chasse contre sa coutume, à cause de la mort de l'impératrice, qui mourut d'une fausse couche le vingt-quatre d'août ; le deuil a duré vingt-sept jours selon l'usage. Cette princesse était fille du frère de Kiou kieou et cousine germaine de l'empereur qui l'aimait tendrement, elle ne fut déclarée impératrice qu'un peu avant la mort, quoiqu'auparavant elle en eût presque tous les honneurs, et qu'elle fût la première des trois reines. Quelques-uns disent que l'empereur ne l'avait point voulu nommer impératrice, quoiqu'il eût souvent été sollicité d'en nommer une par son aïeule, quand elle vivait, et tout récemment cette année par tous les tribunaux souverains de Peking à l'occasion de la sécheresse, parce que Sa Majesté craignait que cette qualité ne la fît mourir, la regardant comme fatale à la personne qui en était revêtue ; car les deux précédentes impératrices qu'il avait aussi beaucoup aimées, étaient mortes en couche l'une après l'autre. Cette impératrice était nièce de Kiou kieou comme je l'ai dit ; on lui cacha cette triste nouvelle jusqu'à ce qu'il fût arrivé à Peking, ou au camp de l'empereur, vers lequel nous allions prendre notre route. Tche tching han vint encore accompagner nos ambassadeurs à cheval pendant un peu de chemin, et peu après qu'il s'en fut retourné, nous nous séparâmes et demeurâmes avec Kiou kieou seul.

Quoique nous ayons toujours tenu le même chemin par lequel nous étions allés, nos équipages ont beaucoup plus souffert en retournant qu'en allant, parce qu'outre que les chameaux et les chevaux n'ayant point été nourris de bons pâturages, pendant que nous avons été proche de Niptchou, étaient extrêmement maigres et sans force, surtout les chameaux qui ne peuvent vivre dans un lieu où il n'y a point de salpêtre, qui les engraisse et leur donne de la force. Depuis le passage de la petite rivière de Portchi, nous n'avons presque