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Le chef des plénipotentiaires nous fit aussi inviter à l'aller voir ; nous nous rendîmes chez lui vers le midi, il nous traita familièrement et avec beaucoup de civilité, il nous entretint des nouvelles qu'il savait d'Europe, et il nous réitéra qu'il agirait fortement auprès des grands ducs ses maîtres, afin qu'ils reconnussent dans la personne de nos Pères qui sont à Moscou les bons offices que nous avions rendus à sa nation, tant à la cour de Peking, que dans la présente négociation. Pendant que nous étions avec eux, les envoyés de nos ambassadeurs vinrent aussi offrir des présents à ce chef des plénipotentiaires ; ils consistaient en une selle en broderie d'or avec les dragons de l'empire, en deux petites tasses d'or ciselé, et fort proprement travaillées, et en une très grande quantité des plus belles pièces de soie de la Chine, de satin, de damas, de brocard d'or et de soie ; de sorte que ce présent avait bien plus d'apparence, et était en effet plus riche que celui que les plénipotentiaires moscovites avaient envoyé. Il y avait aussi cent pièces de toile pour les valets de ce plénipotentiaire, et cent autres pièces pour ceux qui avaient servi d'interprètes en langue mongole, dix pièces de soie pour l'interprète latin, et pour un écrivain qui l'avait souvent accompagné ; après quoi nos gens allèrent encore porter des pièces de soie au gouverneur de Niptchou, et quelques-unes au chancelier de l'ambassade. Lorsque nous fûmes sur le point de prendre congé des plénipotentiaires, leur chef nous donna quelques peaux de zibelines et de xoulonnes, semblables à celles qu'il nous avait déjà envoyées auparavant avec quelques hermines, mais le tout était peu considérable. Les curiosités d'Europe que je lui avais données ne valaient guère moins que son présent ; nous embrassâmes le plénipotentiaire en nous séparant, ensuite nous allâmes voir le gouverneur de Niptchou, qui nous donna aussi à chacun deux assez belles zibelines, et le chancelier de l'ambassade nous obligea à toute force d'en recevoir chacun une. Nous visitâmes aussi un colonel allemand, bon catholique, et fort ami de nos Pères ; il était malade, et il désirait fort se confesser ; mais comme nous n'entendions pas l'allemand, et qu'il ne savait aucune des langues que nous parlions, il fallut lui donner l'absolution comme à un homme, qui étant dans un pressant danger de mort, ne peut se confesser que par signe. Le temps fut serein tout le jour. Le 9 nous partîmes dès le matin pour reprendre la route de Peking ; comme nous retournâmes par le même chemin que nous étions venus, je ne parlerai que des choses dont je n'ai rien dit. Lorsque nous fûmes arrivés à la première couchée, deux officiers moscovites vinrent sur le soir avec peu de suite complimenter nos ambassadeurs de la part des plénipotentiaires, et leur faire excuse sur ce qu'ils ne venaient pas plus de monde, et qu'ils n'allaient pas plus loin, n'osant s'engager dans le voisinage des Tartares de Kalka qui s'étaient révoltés. Le temps fut couvert presque tout le jour et fort froid, il tomba même quelque peu de neige, mais l'air devint serein sur le soir.