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que je lisais le sien tout bas, pour voir s'il était conforme aux articles dont nous étions convenus. Après cette lecture, chacun de son côté signa et scella les deux exemplaires qu'il devait donner à l'autre partie, savoir, nos gens, un en tartare, et un en latin ; et les Moscovites, un en moscovite, et un autre en latin. Il n'y eut que les exemplaires latins qui furent tous deux scellés des sceaux de l'une et de l'autre nation ; après quoi les ambassadeurs s'étant levés tous ensemble, et tenant chacun les exemplaires du traité de paix, ils jurèrent au nom de leurs maîtres de l'observer fidèlement, prenant Dieu tout-puissant, seigneur absolu de toutes choses, à témoin de la sincérité de leur intention. Nos ambassadeurs avaient eu ordre exprès de l'empereur de jurer la paix par le Dieu des chrétiens, croyant avec raison, que rien ne pouvait avoir plus de force sur l'esprit des Moscovites, pour leur faire observer inviolablement le traité de paix, que de savoir qu'elle avait été jurée au nom du vrai Dieu. Nos ambassadeurs avaient composé une formule de jurement que je rapporterai ici fidèlement traduite, pour mieux faire connaître leur génie. Voici comme il était conçu. La guerre que se sont faits les habitants des frontières des deux empires de la Chine et de la Moscovie, et les combats que se sont donnés les deux partis avec effusion de sang, troublant la paix et le repos des peuples, étant entièrement contraires a la divine volonté du ciel, qui est amie de la tranquillité publique ; nous, grands ambassadeurs des deux empires, avons été envoyés pour déterminer les bornes des deux États, et établir une paix solide et éternelle entre les deux nations ; ce que nous avons heureusement exécuté dans les conférences que nous avons tenues la vingt-huitième année de Cang hi, pendant la septième lune, proche de la bourgade de Niptchou, ayant marqué très distinctement, et mis par écrit les noms des pays et des lieux où se touchent les deux empires, établi des bornes à l'un et à l'autre, et réglé la manière dont on traitera à l'avenir les affaires qui pourraient survenir, et ayant réciproquement reçu l'un de l'autre un écrit authentique, dans lequel est contenu le traité de paix, et étant convenus de faire graver ledit traité avec tous les articles sur des pierres qui seront mises sur les lieux que nous avons marqués, pour être les bornes des deux empires, afin que tous ceux qui passeront par ces endroits, en puissent être pleinement informés, et que cette paix avec toutes ses conditions, soit inviolablement gardée à jamais. Que si quelqu'un avait seulement la pensée ou le dessein secret de transgresser ces articles de paix, ou si manquant de parole et de foi, il venait à les violer par quelque intérêt particulier, ou formait le dessein d'exciter de nouveaux troubles, et de rallumer le feu de la guerre, nous prions le Seigneur souverain de toutes choses, qui connaît le fond des cœurs, de ne pas permettre que tels gens vivent jusqu'à un âge parfait, mais qu'il les punisse par une mort avancée. Ils avaient dessein de lire cette formule de jurement à genoux devant une