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liberté, des terres sujettes à l'un des deux empires dans celles de l'autre, pourvu qu'ils aient des patentes par lesquelles il conste qu'ils viennent avec permission ; et il leur sera permis de vendre et d'acheter tout ce qu'ils jugeront à propos, et de faire un commerce réciproque. Tous les différends survenus sur les frontières des deux couronnes étant ainsi terminés, et ayant établi une paix sincère, et une éternelle union entre les deux nations, il n'y aura plus aucun sujet de trouble, si l'on observe exactement les articles ci-dessus mentionnés du présent traité, qui seront mis par écrit. Les grands ambassadeurs des deux couronnes se donneront réciproquement chacun deux exemplaires dudit traité, scellé de leur sceau ; et enfin ce présent traité, avec tous ses articles, sera gravé en langue tartare, chinoise, moscovite, et latine, sur des pierres qui seront posées aux bornes établies entre les deux empires, pour y servir d'un monument éternel, de la bonne intelligence qui doit régner entr'eux. L'exemplaire du traité fait par les Moscovites était le même en substance, seulement ils se nommaient les premiers, et détaillaient tous les titres des czars que je ne mets pas ici, parce que personne ne les ignore. Aussitôt que nous eûmes achevé l'un et l'autre d'écrire les exemplaires de ce traité, qui devaient être signés, scellés, et échangés ce jour-là même, selon qu'on en était convenu, les ambassadeurs et plénipotentiaires moscovites se mirent en marche pour se rendre au lieu de l'assemblée, qui était une tente tendue proche de la bourgade de Niptchou. Nos ambassadeurs vinrent à la tête de la plus grande partie de leur cavalerie, environnés de tous les officiers et mandarins de leur suite, tous revêtus de leurs habits de cérémonie ; c'étaient des vestes de brocard d'or et de soie, avec les dragons de l'empire ; ils étaient escortés par plus de quinze cents chevaux, ayant leurs étendards grands et petits déployés ; il n'y manquait que de bonnes trompettes et des timbales. Les plénipotentiaires moscovites de leur part vinrent aussi précédés deux ou trois cents soldats d'infanterie, dont les tambours, fifres et hautbois, mêlés avec les trompettes, les timbales, et les musettes de la cavalerie faisaient un concert fort agréable, car ils s'accordaient parfaitement bien. Les plénipotentiaires moscovites mirent les premiers pied à terre, et pour faire les honneurs de leur pays, ils vinrent quelques pas au-devant de nos ambassadeurs, et les invitèrent d'entrer les premiers, disant que la tente leur appartenait ; ils se placèrent vis-à-vis les uns des autres sur des bancs couverts de tapis de Turquie, ayant une table seulement entr'eux ; nous fûmes aussi assis sur un banc au haut bout de la table, tout le reste de la suite grands et petits demeurèrent debout. Après s'être fait les civilités ordinaires, nous commençâmes à lire à haute voix le traité de paix dans les exemplaires mêmes qui devaient être signés et scellés. Je lus d'abord le nôtre à haute voix, et ensuite je le donnai à l'interprète des Moscovites, qui le lut encore une fois à haute voix, pendant