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qui consentaient presque à tout ce que nos ambassadeurs avaient souhaité pour les bornes des deux empires ; il ne restait que quelques difficultés peu considérables, et les députés moscovites demandaient que pour les terminer, ils nous envoyassent vers leurs maîtres. C'est à quoi nos ambassadeurs eurent beaucoup de peine à consentir ; ils ne pouvaient se fier à des gens dont ils croyaient avoir été trompés, et ils craignaient qu'on ne cherchât à les amuser, en traînant la négociation en longueur, pour avoir le loisir de se précautionner, ou même qu'on ne nous retînt dans la forteresse. Ce ne fut donc qu'à force de prières qu'ils me laissèrent aller seul, sans autre suite que de quelques domestiques, et sans vouloir permettre que le père Pereira m'accompagnât. Je vis en entrant dans la bourgade que les Moscovites avaient placé dans la rue quinze pièces de campagne ; le calibre en était petit, mais elles étaient la plupart fort longues, et toutes de bronze, aussi bien qu'un mortier que je vis dans la rue. J'achevai là de convenir avec les plénipotentiaires des bornes qu'on poserait entre les deux empires, et des autres principales conditions de la paix ; de sorte que je la tins entièrement conclue ; je retournai porter cette agréable nouvelle à nos ambassadeurs, qui attendaient mon retour avec crainte et impatience ; tout le monde eut beaucoup de joie d'apprendre l'heureux succès de la négociation. Ce même jour plusieurs troupes de Mongous ou de Tartares de Kalka qui s'étaient faits vassaux des Moscovites, dont ils étaient maltraités, envoyèrent des députés à nos ambassadeurs pour leur faire savoir qu'ils désiraient se soumettre à l'empereur de la Chine, et se retirer sur ses terres ; ils les priaient de les recevoir, et de les aider à passer la rivière ; ils étaient assemblés au nombre de plus de mille avec toutes leurs familles et leurs troupeaux, et les jours suivants leur nombre grossit considérablement. Nos ambassadeurs ne voulurent rien leur promettre pour ne pas apporter d'obstacle à la paix ; mais ils leur firent espérer, que si les Moscovites ne consentaient pas aux articles qu'ils avaient proposés, ils les recevraient avec joie dans leur parti. Le temps fut serein tout le jour et assez chaud depuis midi jusqu'au soir ; nos ambassadeurs commencèrent à reconnaître la faute qu'ils avaient faite de ne nous pas donner assez de crédit dans le commencement de la négociation, et depuis ce jour-là ils nous honorèrent de toute leur confiance. Le 29 les plénipotentiaires moscovites envoyèrent des députés à nos ambassadeurs pour leur faire plusieurs demandes, dont ils prétendaient faire autant d'articles de paix ; les plus considérables étaient : Premièrement, que dans les lettres qu'on écrirait ci-après aux grands ducs leurs maîtres, on y mettrait leurs titres, ou tout au long, ou du moins en abrégé, et qu'on ne mettrait dans ces lettres aucuns termes qui marquassent de la supériorité ou de l'infériorité dans les empereurs de l'un et de l'autre empire. 2° Que si l'on s'envoyait mutuellement des ambassadeurs pour se faire part l'