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de la Chine, à condition pourtant qu'il serait rasé, et qu'on ne le rebâtirait plus ; ils furent pareillement d'accord que la rivière d'Ergoné servirait de bornes aux deux empires ; mais ils prétendaient que la peuplade qu'ils avaient à l'orient de cette rivière, leur demeurât ; en un mot ils consentaient presque à tout ce qu'il y avait de plus essentiel dans les propositions que nos ambassadeurs avaient faites avant de se séparer. Ils demandèrent ensuite avec instance qu'on nous envoyât vers leurs maîtres, pour mettre la dernière main à cet ouvrage, mais ils furent refusés. Comme pendant cet entretien nos troupes commencèrent à paraître de l'autre coté de la rivière sur le haut des montagnes, au bas desquelles étaient placés le bourg et la forteresse de Niptchou, nos ambassadeurs avertirent les députés de la résolution qu'ils avaient prise de passer la rivière, non pas à dessein de faire aucun acte d'hostilité, mais seulement pour être plus commodément, puisqu'ils ne pouvaient plus demeurer dans un camp inondé, et aux environs duquel il n'y avait plus de fourrages. Ils ajoutèrent que si les plénipotentiaires moscovites voulaient enfin consentir aux conditions qu'ils avaient proposées, et le leur faire savoir au plus tôt, qu'ils attendraient encore une heure ou deux sans passer la rivière, sinon qu'ils iraient de l'autre côté attendre la réponse proche de Niptchou. Les députés moscovites s'en étant retournés, nous attendîmes leur retour près de deux heures ; mais comme personne ne paraissait, nos ambassadeurs s'embarquèrent et nous avec eux ; nous passâmes la rivière à trois lieues au-dessus de la forteresse, où nos troupes avaient presque toutes passé. On avait ordonné que le quartier général des troupes serait à l'endroit même du passage dans une petite vallée et sur le penchant des montagnes ; que les barques se rangeraient des deux côtés de la rivière, et que les soldats se camperaient sur ses bords auprès des barques ; la plupart du bagage demeura de l'autre côté avec une garde suffisante pour la défendre de toute insulte ; cependant on avait fait avancer toutes les troupes jusqu'à la ville de Niptchou, et on les avait placées par escadrons et par pelotons, en sorte qu'elles occupaient tout l'espace qui est entre les deux rivières de Saghalien oula, et de Niptchou, et qu'elles ôtaient aux Moscovites toute communication de ce côté-là. Dès qu'ils s'aperçurent du passage de nos troupes, ils ramassèrent leur monde et leurs troupeaux aux environs de la forteresse, et ils placèrent des corps de garde avancés, pour observer le mouvement de nos soldats. Aussitôt que nous fûmes passés de l'autre côté de la rivière, nous montâmes à cheval avec nos ambassadeurs, et nous avançâmes jusqu'au pied des montagnes, à un bon quart de lieue de la forteresse de Niptchou ; nous trouvâmes sur le chemin plusieurs escadrons de nos troupes en bataille, la cuirasse sur le dos. A peine fûmes-nous parvenus à la vue de la forteresse de Niptchou, que nous aperçûmes les députés des plénipotentiaires moscovites, qui ne nous ayant plus trouvés dans notre premier camp où ils étaient allés nous chercher, venaient droit à nous ; ils apportaient la résolution de nos plénipotentiaires,