Page:Du halde description de la chine volume 4.djvu/245

Cette page n’a pas encore été corrigée

de demander que l'on se donnât l'un et l'autre une déclaration par écrit et en bonne forme de ce qui s'était passe à leurs conférences. L'interprète fit entrevoir que l'intention de ses maîtres était de céder Yacsa ; mais il disait que parce que nous leur demandions trop, ils n'offraient rien. Nos ambassadeurs répondirent que pour des déclarations ils ne s'en mettaient pas en peine ; et que comme ils avaient déclaré leur dernière volonté, ils n'avaient plus rien à ajouter ; qu'au reste, si les plénipotentiaires moscovites voulaient s'y rendre, ils avaient toujours la même inclination pour la paix ; mais qu'ils ne pouvaient pas attendre davantage, et qu'ainsi si l'on avait quelque réponse à leur donner, il fallait qu'elle vînt cette nuit-là même. L'interprète pressa beaucoup qu'on nous renvoyât le lendemain vers les plénipotentiaires moscovites ; mais nos ambassadeurs répondirent qu'inutilement nous enverraient-ils, puisqu'ils n'avaient rien de nouveau à leur faire savoir ; sur quoi ce député promit qu'il reviendrait le lendemain apporter la dernière résolution de ses maîtres. Après le départ de ce député nos ambassadeurs tinrent de nouveau conseil, et ils nous ordonnèrent d'y assister ; ils étaient demeurés d'accord de passer la rivière, et de dépêcher à Yacsa pour faire couper les grains, parce que les plénipotentiaires moscovites leur avaient ôté toute espérance de paix ; mais cet interprète étant venu ce soir-là déclarer que ses maîtres étaient encore prêts de rentrer en négociation, et nous ayant fait espérer qu'ils abandonneraient Yacsa, nos ambassadeurs étaient incertains du parti qu'ils devaient prendre, craignant d'un côté que ce changement des Moscovites ne fût une feinte pour gagner du temps, et prévenir nos desseins ; et d'un autre côté appréhendant que s'ils passaient la rivière, il ne se fît quelque acte d'hostilité qui achevât de ruiner toutes les espérances de la paix, et qu'ensuite l'empereur ne trouvât mauvais qu'ils eussent rompu la négociation. Dans cette irrésolution ils cherchaient à s'assurer de notre suffrage, tâchaient de nous faire entrer dans leur sentiment ; mais nous refusâmes de leur donner sur cela aucun conseil. Nous leur répondîmes que notre profession ne nous permettait pas de nous mêler de ces sortes d'affaires ; que d'ailleurs ils étaient en plus grand nombre, plus éclairés, et plus expérimentés que nous, et qu'il leur était aisé de se déterminer au parti le plus sage ; comme ils pressentirent que non seulement nous ne désespérions pas d'une prochaine paix ; mais même que nous penchions plus à croire qu'elle se ferait véritablement, ils envoyèrent un contre-ordre à ceux qu'ils avaient dépêchés pour couper les grains d'Yacsa ; mais il était trop tard, on ne put les atteindre ; ils continuèrent cependant toute la nuit à faire passer la rivière à nos troupes. Le temps fut assez serein tout le jour. Le 28 au matin les députés moscovites revinrent à nos ambassadeurs, et offrirent de la part de leurs plénipotentiaires de céder Yacsa à l'empire