Page:Du halde description de la chine volume 4.djvu/233

Cette page n’a pas encore été corrigée

beaucoup de perles sur le devant de son bonnet ; nos ambassadeurs le firent asseoir assez proche d'eux ; il avait dix hommes à la suite et un interprète ; tous ces gens-là avaient l'air assez farouche, et paraissaient peu polis ; ils étaient vêtus de drap de diverses couleurs ; ils se tinrent toujours debout et découverts derrière l'envoyé par respect. L'envoyé parla toujours assis et couvert d'une manière fort posée pour un jeune homme ; il ne s'échauffa point, quoiqu'on lui fît des demandes un peu embarrassantes sur la cause du retardement des plénipotentiaires, lesquels, selon ce qu'avaient dit ses gens à Peking, étaient partis de Selengha au commencement de février, pour se rendre à Niptchou. Ce jeune homme répartit à tout fort froidement, sans paraître embarrassé. Ensuite il fit à son tour quelques questions à nos ambassadeurs ; il leur demanda en premier lieu, s'ils venaient pour faire la guerre, ne lui paraissant pas probable qu'on amenât un si grand nombre de soldats, et qu'on se comportât de la manière qu'avait fait la troupe qui était venue par eau, quand on venait avec une intention sincère de traiter de la paix ; il se plaignit en particulier que deux de leurs gens avaient été tués proche d'Yacsa dans le temps que nos barques y avaient passé, paraissant soupçonner que nos soldats avaient été les auteurs du meurtre, ce que nia fortement. Il demanda ensuite pourquoi le dernier envoyé des plénipotentiaires des Moscovites à Peking n'était pas encore de retour, vu qu'il était parti avant nous ; on lui dit sur cet article qu'il était chargé de beaucoup de marchandises, qui venaient sur les charrettes que l'empereur lui avait fait fournir, et que par cette raison sa marche ne pouvait être que très lente. On le rassura aussi le mieux qu'on put sur le soupçon où il paraissait être, qu'on n'eût quelqu'autre intention que celle de traiter de la paix. Il insista fort sur un autre article, savoir, que les conférences se tinssent avec un nombre de gens égal de part et d'autre, et il marqua en même temps que les plénipotentiaires des czars n'étaient accompagnés que de cinq cents hommes de guerre, et qu'ils ne s'étaient pas fait suivre d'un plus grand nombre, parce qu'ils ne venaient que pour traiter de la paix, et sans aucune intention de faire la guerre ; enfin on fît tout ce qu'on put pour le bien persuader que l'on ne songeait aussi de notre part qu'à conclure une paix ferme et solide. Il parut ajouter foi à ce qu'on lui disait, et fit espérer que les plénipotentiaires arriveraient incessamment, ce qui réjouit un peu nos ambassadeurs, qui avaient paru chagrins des difficultés que cet envoyé avait faites. On lui fit présenter du thé à la tartare, et l'on fit asseoir près de lui un jeune mandarin, à qui on fit aussi présenter du thé, apparemment afin que le jeune mandarin buvant le thé à genoux, et après s'être prosterné jusqu'à terre suivant la coutume des Tartares, l'envoyé moscovite en fît autant ; mais il se contenta de regarder froidement le mandarin faire la civilité devant, et après avoir bu ; pour lui, il but son thé sans faire le