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d'ours ; on dit aussi qu'il y avait dans ce bois quelques Tartares errants, presque tous sauvages. Notre route fut presque toujours au nord, quoique nous tournassions tantôt un peu vers l'est, et tantôt un peu vers l'ouest ; nous vînmes camper sur des hauteurs au-delà d'un gros ruisseau nommé Telengon. Peu de temps après que nous fûmes arrivés en ce camp, les officiers que nos ambassadeurs avaient envoyés à Niptchou pour avertir les plénipotentiaires de Moscovie de leur arrivée, nous vinrent joindre ; ils se louèrent extrêmement de la civilité du gouverneur de Niptchou, et du bon traitement qu'il leur avait fait. Le temps fut encore pluvieux tout le jour, quoiqu'il eût déjà plu toute la nuit précédente. Le 29 nous séjournâmes dans le camp de Telengon, en attendant qu'on eût accommodé les chemins, qui étaient aussi mauvais que les jours précédents, au rapport de ceux qu'on avait envoyé pour les visiter. Ce jour-là sur le soir un Moscovite, député du gouverneur de Niptchou vint faire compliment à nos ambassadeurs ; ce député était suivi de dix Moscovites, tous petites gens qui avaient l'air grossier et un peu barbares ; ils étaient vêtus d'un gros drap, à la réserve de leur chef qui était un peu plus propre ; son interprète était un Tartare d'Eluth peu intelligent, et qui perdit d'abord la tramontane, ne s'étant apparemment jamais vu en si belle compagnie. Ce député fit son compliment debout, et se couvrit après avoir fait la révérence à la mode de son pays, et avoir demandé des nouvelles de la santé de nos ambassadeurs ; ensuite on le fit asseoir lui et sa suite ; on lui fit plusieurs questions ; il demanda en quel lieu nos ambassadeurs voulaient camper, afin qu'ils préparassent le camp, et il fit entendre que leurs plénipotentiaires ne tarderaient pas à arriver ; on leur fit ensuite boire du thé, après quoi on les congédia. Le temps fut encore couvert et pluvieux la plus grande partie du jour ; sur le soir il commença à se tourner au beau. Le 30 nous fîmes 42 lys, toujours dans les montagnes et dans les bois, tantôt au nord, tantôt au nord-nord-est et au nord-est, ainsi j'estime que notre route se peut réduire à trente lys au nord-nord-est ; nous passâmes plusieurs petits ruisseaux ; tous ces bois sont encore pleins de sources, de boue, et de fondrières ; mais comme on avait accommodé les chemins à loisir, et que nos ambassadeurs empêchèrent que les gens de cheval ne les rompissent, afin que les bêtes de charge y passassent plus facilement, on eut moins de peine que le jour précédent ; nous cueillîmes encore des fraises dans ces bois, qui sont tous remplis de fraisiers. Ces bois sont en partie semblables au bois de frêne si ce n'est du frêne même, et en partie de sapins ; il y en a de fort beaux et en quantité. Nous trouvâmes aussi sur notre chemin quelques maisons en deux ou trois endroits, si l'on peut donner ce nom à de méchantes huttes faites de troncs de sapins, couchés les uns sur les autres fort simplement et sans aucune