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fut couvert, et l'on fut menacé de pluie tout le jour, sans qu'il fît le moindre vent. Les gens que nos ambassadeurs avaient envoyé faire compliment aux plénipotentiaires de Moscovie, avaient laissé sur ce chemin un papier attaché à une grande perche, qu'ils avaient élevée sur une hauteur avec un signal. Ils marquaient qu'ils avaient passé par cet endroit le vingt-quatre de ce mois ; qu'il y avait quantité de cerfs, de renards, de zibelines, et d'hermines ; mais la difficulté des chemins ôta l'envie à nos ambassadeurs de les faire chasser ; il y avait même bien de l'apparence que le fracas de notre avant-garde les avait mis en fuite. Le 27 nous séjournâmes dans notre camp, pour donner le loisir de passer la rivière à ceux qui étaient demeurés en arrière. Un des députés que nos ambassadeurs avaient envoyé à Niptchou, pour y porter la nouvelle de notre arrivée, retourna au camp, et nous rapporta qu'étant arrivés le 25 proche de Niptchou, ils ne purent parler au gouverneur de la place que le 26 qu'ils furent reçus hors de sa maison, et traités avec toutes sortes de civilités ; que lorsqu'il demanda des nouvelles de la santé de nos ambassadeurs, il fit une profonde révérence, inclinant la tête jusqu'à terre ; qu'ensuite il dit à nos gens que les plénipotentiaires des grands ducs ses maîtres n'étaient pas encore arrivés à Niptchou ; qu'il leur avait envoyé un courrier pour les avertir de la venue de nos ambassadeurs, et qu'il espérait qu'ils ne tarderaient pas à se rendre ; nous sûmes aussi par le rapport de ce même député que Ma laoyé avec toute la soldatesque qu'il devait amener d'Aygou, et les barques chargées de provisions, étaient arrivées le 25 à la vue de Niptchou. Nos ambassadeurs ayant su que le chemin qui nous restait à faire d'ici à Niptchou était plein de boue et de fondrières, firent partir sur-le-champ un détachement de cinq ou six cents hommes pour mettre ces chemins en état, en y jetant des herbes, et des branches d'arbres, afin que les animaux chargés y pussent passer sans enfoncer dans la boue. Le temps fut pluvieux toute la nuit, et une grande partie du jour avec un vent de nord-est. Le 28 nous fîmes seulement trente-six lys, tant à cause de la difficulté du chemin plein de boue et de fondrières, d'où les bêtes de charge n'eussent jamais pu se tirer, si l'on n'eût accommodé les endroits les plus difficiles avec des branches d'arbres, des feuillages, et des herbes. Nous marchâmes toujours dans des montagnes, ne faisant presque que monter et descendre, et la plupart du chemin dans de grands bois fort épais, et couvert de cette espèce d'arbres de hoa chu dont j'ai parlé ; il n'y a ni ronces, ni épines, ni petits arbres, de sorte qu'il serait aisé et agréable de marcher dans ce bois, s'il n'y avait point de boue. On y trouve partout des sources, et tout y est plein d'arbres fruitiers ; nous y cueillîmes quelques fraises semblables à celles d'Europe pour la figure et pour le goût. Des gens de nos ambassadeurs qui avaient été à la chasse dans ces montagnes où ils avaient tué quelques cerfs, rapportèrent qu'ils avaient vu beaucoup de vestiges