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campé, nous passâmes encore une petite rivière nommée Tourghé pira, un peu plus grosse que la précédente ; aussi le passage en était-il plus difficile, parce qu'il se trouve beaucoup de boue grasse à l'entrée et à la sortie ; cette rivière a son cours de même que la précédente. Peu après qu'on l'a traversée, la plaine va en s'étrécissant, et l'on entre dans les montagnes qui ne sont d'abord couvertes que d'herbes ; mais environ trente lys au-delà de la rivière, elles sont toutes remplies de bois ; on voit quelques pins sur leur cime, les autres arbres sont presque tous d'une même espèce ; je n'en ai point vu de semblables en Europe ; ils ne croissent que jusqu'à une médiocre hauteur, les Chinois les appellent hoa chu, ils ressemblent assez à notre bois de tremble, et ont comme lui l'écorce blanche, dont les Chinois se servent pour faire des gaines de couteaux, et d'autres ouvrages semblables. Apres avoir fait cinquante lys depuis le lieu d'où nous avions décampé, nous traversâmes un petit bois fort épais, et dont le passage était difficile pour les bêtes de charge ; la sortie l'était encore plus, parce qu'on ne trouvait que des fondrières, dont les chevaux, et surtout les chameaux chargés, ne se pouvaient tirer qu'avec beaucoup de peine ; plusieurs y demeurèrent embourbés, et il fallut les décharger, et les aider à sortir de la fange. Ce bois n'a pas plus de demie lieue de largeur dans l'endroit où nous le passâmes ; nous continuâmes notre route entre les montagnes qui ne sont pas fort élevées, et dont les unes sont presque toutes chargées de bois, les autres en partie ; elles le sont moins, à mesure qu'on avance vers le nord. Les gorges de ces montagnes, et même les penchants sont remplis de sources et de petits ruisseaux ; il y a quantité de passages difficiles à cause des boues et des fondrières que ces eaux forment en plusieurs endroits. Du reste on trouvait sur toute la route de bons fourrages, les herbes étaient hautes en plusieurs endroits de plus d'un pied et demi, et je crois que si on semait des grains dans ces terres, ils y croîtraient fort bien, car elles paraissent excellentes ; nous vînmes camper sur des collines qui sont découvertes en un lieu nommé Houlangheou, le long d'un ruisseau de ce nom, qui coule dans le fond de ces collines vers le nord, à huit ou dix lys au sud d'une petite rivière un peu plus grande que les deux précédentes ; nous devions aller camper au-delà de la rivière, mais on avait trouvé jusque-là tant de mauvais pas, et les bêtes de charge étaient si fatiguées, qu'on jugea à propos de ne pas s'avancer davantage. Le temps fut tout le jour fort serein et fort chaud, n'ayant presque point fait de vent ; nous trouvâmes toujours beaucoup de moucherons jusqu'à ce bois que nous passâmes, mais au-delà il y en avait beaucoup moins, et ils ne nous incommodèrent pas beaucoup le reste du chemin. Le 26 nous ne fîmes que 47 lys qu'on peut réduire à 40 parce que le chemin était très difficile et plein de fondrières et de boue grasse, outre que nous employâmes beaucoup de temps à passer deux rivières ; la première était peu large, peu profonde, et seulement à dix lys du lieu où nous avions