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de chèvres jaunes ; nous en vîmes plusieurs milliers dans une plaine, au bout de laquelle il y a une grande mare d'eau. Nos ambassadeurs voulurent faire une enceinte pour les enfermer, mais elles s'échappèrent la plupart à la course, et l'on n'en tua que peu. Nous campâmes en un lieu nommé Kedou, ou Kondou, proche d'une mare d'eau, qu'on nous dit être de fontaine, mais elle n'était ni fraîche ni claire, elle n'avait pourtant aucun mauvais goût. Le temps fut assez frais le matin, parce que le soleil fut en partie couvert et qu'il fit un bon vent de nord-ouest jusque sur les huit heures du matin ; ensuite il fit fort chaud jusque vers le soir que le soleil fut de nouveau couvert de nuées, avec un petit vent d'ouest ; il plut une bonne partie de la nuit. Ce jour-là les ambassadeurs ayant déclaré qu'ils voulaient envoyer quelques officiers aux plénipotentiaires moscovites pour leur faire compliment, et les avertir de leur arrivée, presque tous les officiers vinrent demander avec instance d'être chargés de cette commission ; ils faisaient cette demande à genoux, quelques-uns même mirent le bonnet bas, et frappèrent de la tête contre terre, ce qui est la dernière humiliation parmi les Tartares ; ils prétendaient par-là s'attirer de la distinction, et se faire connaître plus particulièrement de l'empereur. Le 16 nous fîmes 49 lys au nord, dans un pays à peu près semblable au précédent, toujours fort découvert et plein de bons fourrages, mais toujours sans arbres, sans buissons, et sans montagnes considérables ; nous trouvâmes à moitié chemin à peu près une petite mare d'eau, et nous vînmes camper au-delà de la rivière de Kerlon sur ses bords, dans un lieu plein d'excellents fourrages, qui avaient déjà plus d'un pied de hauteur, sur les bords de la rivière. Kerlon est une rivière médiocre ; elle prend sa source dans une montagne nommée Kentei, qui est à cent soixante-dix ou cent quatre-vingt lieues de l'endroit où nous la passâmes du côté de l'occident, et un peu au nord ; elle n'a pas plus de quinze pas géométriques de largeur, et trois pieds de profondeur dans l'endroit où nous la traversâmes ; elle a son cours de l'occident à l'orient, prenant tantôt un peu du sud, et tantôt un peu du nord ; nous passâmes à vingt-cinq ou trente lieues de l'endroit où elle va se jeter dans un grand lac appelé Coulon par les Tartares, et Dalai par les Moscovites ; son fond est de vase, elle est fort poissonneuse, et nos gens y prirent quantité de bons et de gros poissons, avec les filets que l'empereur a donné à nos ambassadeurs ; il y avait beaucoup de carpes de différentes grandeurs, mais surtout d'une espèce de poisson blanc, dont la chair est fort grasse et fort délicate. Ce jour-là je pris la hauteur méridienne du soleil que je trouvai de soixante-trois degrés quinze minutes, au plus grand de mes deux quarts de cercle, et de soixante-trois degrés trente minutes au plus petit. Le temps