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Chine. Ce n'est que depuis le commencement de ce mois qu'il est tombé de la pluie, et que l'herbe a commencé à pousser. Nous campâmes en un lieu nommé Tchortchi kebour où il y a un petit étang, que je crois n'être qu'un réservoir d'eau de pluie. Il y a aussi une espèce de fontaine, mais l'eau en est puante, et ne se peut boire crue, si elle n’est un peu rassise. On y ouvrit quelques puits, dont l'eau était fort bonne. Ce jour-là je pris la hauteur méridienne du soleil étant arrivé au camp, je la trouvai de soixante-cinq degrés et quinze ou trente minutes ; car je la pris avec deux quarts de cercle ; avec le plus grand, je trouvai la hauteur de soixante-cinq degrés quinze minutes, il a un pied de rayon ; et avec le plus petit, je la trouvai de soixante-cinq degrés trente minutes.

Le temps fut fort serein et fort chaud tout le jour, n'y ayant eu qu'un très petit vent de sud-est. Le 12 nous fîmes 78 lys droit au nord, dans un pays tout à fait découvert, partie uni et partie inégal ; la terre y est presque partout mêlée de sable ferme, qui rend le chemin aisé ; on ne laisse pas d'y trouver çà et là quelques endroits où il y a un peu de fourrage. Après avoir fait un peu plus de quarante lys, nous passâmes entre deux mares d'eau où l'on avait résolu de camper, mais l'eau se trouva si mauvaise, que nos ambassadeurs prirent sur-le-champ la résolution de continuer leur route, et nous vînmes camper en un lieu nommé Holostai poulac, sur de petites hauteurs, au bas desquelles il y a une fontaine de très bonne eau, très fraîche, et très abondante ; elle arrose une vallée qui est au pied de ces hauteurs, laquelle était pleine de fourrages, les meilleurs que nous ayons encore trouvés. Le temps fut encore fort chaud jusque vers deux heures après midi qu'il s'éleva un petit vent de sud ; sur le soir le ciel se couvrit de nuages. Le 13 nous fîmes 33 lys au nord, dans un pays assez semblable à celui du jour précédent, toujours inégal et plein de petites hauteurs. Le terroir était meilleur, et il y avait presque partout du fourrage passable ; nous vînmes toujours en chassant ; nos ambassadeurs ayant fait étendre toute la cavalerie des huit étendards chacun en son rang, leurs officiers à la tête, formèrent un grand croissant, dans lequel on enferma peu à peu le gibier, jusqu'à ce qu'étant arrivé au lieu où l'on devait camper, on acheva de former l'enceinte, l'étrécissant peu à peu on fit le cercle entier, dans lequel se trouvèrent enfermés quantité de lièvres et de chèvres jaunes, outre ce qu'on en avait tué en chemin, lorsque ces animaux voulaient sortir de l'enceinte. Quand l'enceinte fut tout à fait fermée, on mit pied à terre, et quelques cavaliers courant çà et là au dedans pour chasser le gibier, on le tuait à mesure qu'il voulait sortir ; il ne laissa pas de s'échapper quantité de chèvres jaunes au travers des flèches qu'on leur tirait sans cesse ; la plupart des grandes échappèrent ainsi à la course, en quoi elles excellent, n'y ayant point de chevaux qui puissent les suivre de près ; on en tua cinquante ou soixante,