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de ces collines de sable. Comme il n'y avait là ni rivière, ni étang, nous fûmes obligés de creuser des puits, dont l'eau était extrêmement fraîche. On trouva dans plusieurs de gros morceaux de glace, mais l'eau de la plupart avait un goût de vase ; il y avait pourtant à deux lys de notre camp une fontaine, dont l'eau était fort bonne et fort fraîche. Le temps fut serein tout le jour avec un grand vent d'ouest, comme le jour précédent. Le 27 nous fîmes 60 lys au nord, dans un pays plus découvert que les jours précédents ; nous passâmes encore beaucoup de sables mouvants, particulièrement douze ou quinze lys avant que d'arriver au lieu où nous campâmes ; ce fut dans une plaine, proche d'un étang d'eau douce, qui a bien trois lieues de tour ; cet étang se nomme en langue mongole Tahan Nor. A l'occident de l'étang se voit une petite montagne couverte de rochers, au devant de laquelle il y a une pagode tout ruinée, dont il ne reste que trois murailles qui ont des crevasses de toutes parts. On voit au sud de cette pagode les restes d'une petite maison qui y a été bâtie, et au nord se trouve un antre, où l'on voit les restes d'une chapelle, sur les parois de laquelle il y a encore quelques figures d'idoles. Il y avait aussi dans cette espèce de chapelle deux vieux coffres rompus pleins de papiers écrits en langue mongole, et en deux autres langues que je ne connais pas. Je pris avec moi quelques-uns de ces papiers écrits en trois différentes sortes de caractères. Ce sont apparemment des prières tirées des livres sacrés des lamas ; ils étaient la plupart écrits sur des morceaux de papier fort longs et étroits. Sur le devant de cet antre au dehors, il y a une grande pierre de marbre blanc, haute d'environ dix ou douze pieds, et large de quatre, avec des dragons en sculpture, qui font le commencement de la plaque de marbre, qui a environ un pied d'épaisseur ; il y a sur le devant de cette plaque beaucoup de lettres chinoises gravées, que l'on lit encore fort bien ; ces lettres font foi que c’est un Hio sseë 1 du Tribunal des colao, qui a bâti cette pagode en l'honneur de Fo, au temps du règne des Tartares Mongous, dans la Chine, lorsqu'ils possédaient paisiblement l'empire, et toute cette Tartarie ; il marque le nom de l'empereur qui régnait alors ; j'aurais bien voulu prendre une copie de cet écriteau, mais il ne me fut pas possible. Après avoir visité les ruines de cette pagode, qui a vue sur une vaste plaine de quinze ou vingt lieues de tour, et toute environnée de collines, excepté du côté de l'occident, par où cette plaine communique avec une autre plaine, nous allâmes voir un grand lac, qui a environ quinze ou seize lieues de tour, lequel n'est éloigné de la pagode que d'environ demie lieue, et du lieu où nous étions campés d'environ une lieue ; ce lac s'appelle en langue mongole Taal Nor ; l'eau en est un peu salée ; on m'a assuré qu'il y avait quatre petites rivières qui venaient s'y perdre. L'eau