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long de la rivière de Courkir, sur les bords de laquelle nous campâmes encore en un lieu où le pays commence à être plus découvert, mais aussi plus stérile et moins agréable. Les montagnes que l'on voit à perte de vue au nord, au nord-ouest, et au nord-est, ne sont plus couvertes de bois, mais presque toutes chauves ; le fourrage n'est plus si bon ni si abondant ; nous campâmes à la source du Courkir ; cette rivière est fort poissonneuse, et nos gens y prirent quantité de poissons, mais qui n'étaient pas trop bons. Il fit encore assez froid le matin, mais pas tant que le jour précédent, et un peu après le lever du soleil, il commença à faire chaud, le vent de sud régna tout le jour, et la chaleur fut grande. Le 22 nous fîmes 60 lys au nord-nord-ouest, dans un pays tout à fait découvert et assez uni ; nous avions de petites montagnes ou collines à droite et à gauche aussi fort découvertes ; il n'y avait que quelques arbres çà et là. La campagne était la plupart pleine de bons fourrages ; elle était pourtant fort déserte ; nous vînmes camper sur les bords d'une petite rivière nommée Iskiar qui prend sa source au mont Petcha, et qui après avoir coulé quelque temps à l'ouest, et au sud-ouest, va se perdre dans la rivière de Lan ho, laquelle prend aussi sa source au mont Petcha, et qui après avoir coulé premièrement à l'ouest, ensuite au sud-ouest, puis au sud, retourne enfin à l'est, et au sud-est, et va se jeter dans la mer Orientale, s'étant grossie de plusieurs autres petites rivières et ruisseaux ; nous trouvâmes proche de cette rivière une source dans la prairie, dont l'eau était excellente, et fort fraîche ; le lieu où nous campâmes s'appelle Tourghen Iskar. Comme nous étions arrivés au camp de bonne heure, je pris la hauteur du soleil à midi, et je la trouvai de soixante-dix degrés trente minutes environ. Le soleil était de temps en temps couvert, c’est ce qui fît que je ne pus bien être assuré de cette hauteur. Le temps fut assez incertain tout le jour, tantôt serein, tantôt couvert, avec un grand vent de sud. Le 23 nous séjournâmes dans notre camp d'Iskar, pour attendre que tous les mandarins et les soldats de la suite qui n'avaient pu marcher tous ensemble, tant que nous étions dans les détroits des montagnes, fussent arrivés, afin de voir si rien ne manquait, et pour régler de quelle manière on marcherait le reste de notre route. Ce jour-là le fils d'un des plus puissants régulos de ces Mongous, qui sont les vassaux de l'empereur de la Chine, vint rendre visite à nos ambassadeurs accompagné de trois taikis. Ce sont des princes, fils ou parents d'autres régulos. Les terres qui lui appartiennent sont assez proches du lieu où nous étions campés, et le lieu où il tient sa cour n'en est qu'à vingt ou trente lieues environ à l'orient. Comme c’est un des plus puissants régulos, on dit qu'il est aussi un peu plus civilisé que les autres Mongous de ces quartiers. Il demeure dans un lieu fixe où il y a des maisons bâties, ce qui est fort singulier parmi les Tartares.