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quelle était la substance de cette lettre, les pères lui en avaient rendu compte sur-le-champ, en présence du colao qui était là. Le 24 l'empereur envoya ordre selon la coutume au Tribunal des mathématiques, de déterminer le jour du départ de ses envoyés, voulant qu'on choisît un des jours qui sont depuis le 21 de cette quatrième lune, jusqu'au 26, c'est-à-dire, depuis le 8 de juin jusqu'au 13. Le Tribunal fit déterminer le 13 de juin pour le jour du départ. Le même jour sur le soir, on envoya encore appeler les Pères au Tribunal des colao, pour y traduire du chinois en latin, la réponse que les ministres de l'empereur devaient faire ce jour-là même aux plénipotentiaires de Moscovie. Le colao tartare fit et écrivit lui-même cette réponse en tartare, en présence des Pères. Les deux chefs de l'ambassade qui sont les mêmes que l'année passée, étaient aussi présents, et comme il survint quelque difficulté, dont il fallait demander l'éclaircissement à l'empereur, avant que de traduire la lettre, et qu'il était déjà fort tard, on remit au lendemain la traduction. So san laoyé avertit le père Pereira de ne pas oublier cette année de porter des instruments de mathématiques, propres à faire les observations des latitudes, longitudes, etc. Le 25 les Pères retournèrent au palais, traduire la réponse que l'on avait fait à la lettre des plénipotentiaires moscovites ; cette réponse portait que Sa Majesté avait déterminé Niptchou qui est au nord-ouest d'Yacsa pour le lieu des conférences, et qu'il ferait partir ses députés le 13 juin pour s'y rendre en diligence ; qu'au reste, comme ils partaient avec intention de faire une paix sincère et durable, ils ne mèneraient avec eux qu'autant de monde précisément qu'il en serait nécessaire pour la sûreté de leurs personnes. Le 5 l'envoyé moscovite vint en notre maison nous rendre visite, avec une partie de sa suite, après en avoir obtenu la permission de l'empereur ; il était conduit par un mandarin subalterne du Tribunal de Lympha yuen qui lui donna le pas partout. Cet envoyé était un homme bien fait de sa personne, et qui dans le peu de temps qu'il a été en cette cour, s'est fait la réputation d'un homme de tête ; il était vêtu assez simplement, aussi bien que ceux de sa suite. Nous l'allâmes recevoir à la porte, et nous le conduisîmes à l'église, où il se prosterna diverses fois à la manière des Moscovites, avec beaucoup de modestie et de respect, pour honorer les images qui étaient sur nos autels ; ensuite nous le menâmes dans notre maison, où l'on lui fit voir ce qu'il y avait de curieux ; enfin on lui présenta la collation, et il en usa toujours avec nous civilement, et répondit avec beaucoup d'esprit et de jugement à toutes les questions que nous lui fîmes. Il nous assura que l'empereur avait repris sur les Turcs toute la Hongrie ; que le roi de Pologne s'était rendu maître de Caminiek ; que les grands ducs de Moscovie avaient aussi pris quatre places, et que la Moldavie et la Valachie avaient secoué le joug de l'empire ottoman. Nous jugeâmes que cet envoyé était hollandais ou anglais ; car il n'avait rien de la prononciation moscovite, et il savait lire les lettres européennes,