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de toutes sortes, des chevaux de main, les uns sellés magnifiquement, les autres portant des malles de velours garnies d'or ou de cuivre doré, et de pierreries ; les autres sans selle ; chaque cheval était conduit par un palefrenier vêtu de deuil ; il y avait aussi des joueurs d'instruments de guerre, des porteurs de lances et d'étendards, avec les dragons de l'empire en broderie d'or. Le corps du régulo était porté sous un dais, par un grand nombre de porteurs, tous vêtus de taffetas vert, tacheté de points blancs ; c'est ainsi que sont habillés les porteurs des régulos. Les enfants du quatrième régulo, accompagnés des plus proches parents, et environnés d'une grosse troupe de mandarins et d'officiers de leurs maisons, marchaient immédiatement devant le corps à pied, pleurant le long du chemin suivant la coutume ; les femmes, les filles, les belles-filles, et les autres proches parentes du régulo suivaient immédiatement le corps dans leurs chaises, pleurant aussi de même ; ensuite venait le fils aîné du roi avec les autres régulos, qui tous n'avaient point de houppe sur leur bonnet, ce qui est une marque de deuil ; le seul fils aîné de l'empereur avait son bonnet avec la houppe à l'ordinaire ; on jetait sur le chemin quantité de papier blanc, coupé en forme de monnaie ; c'est un usage introduit par les bonzes, qui persuadent au peuple que ce papier se convertit en argent, et que le défunt s'en sert pour ses besoins. Lorsqu'on fut arrivé au lieu où le corps devait se mettre en dépôt, on le posa dans une espèce de salle faite de nattes suivant l'usage, et l'on rangea tout l'appareil ; le fils aîné du roi s'avança, suivi des autres régulos et des grands mandarins ; on pleura d'abord pendant un peu de temps, puis on fit les trois libations accoutumées, après quoi, les enfants du mort soutenus sous les deux bras par leurs officiers, comme s'ils n'avaient pas la force de se soutenir eux-mêmes, vinrent remercier le fils aîné de l'empereur, ou plutôt l'empereur en sa personne ; on les conduisit ensuite jusqu'au bas d'une terrasse, sur laquelle était élevée cette salle de natte ; ils poussaient toujours des cris lugubres, pour montrer qu'ils étaient bons fils ; mais il y a d'ordinaire plus de cérémonie que de réalité dans ces marques extérieures de douleur. Le 26 nous reçûmes des lettres des pères de Fontaney et Gabiani, qui nous faisaient pareillement le détail des honneurs que Sa Majesté impériale leur avait fait à Nan king et à Hang tcheou, jusqu'où ils allèrent la conduire ; elle envoya des Grands de sa cour se prosterner dans leurs églises ; elle leur fit présent d'argent et de fruits à diverses reprises, et elle accepta une partie des petites curiosités qu'ils lui offrirent. Lorsqu'ils étaient prêts de se retirer, il les fit entrer dans sa barque, et jusque dans son cabinet, où il les entretint familièrement pendant une demie heure, en présence des mandarins de la province, à qui il n'était pas même permis d'approcher de la barque impériale. Ce fut pendant ce temps-là que vint un grand officier de guerre de la province de Hou quang. Sa Majesté le fit approcher, et lui donna en présence des Pères ses ordres pour bien gouverner et discipliner ses troupes ; ensuite