Page:Du halde description de la chine volume 4.djvu/198

Cette page n’a pas encore été corrigée

un grand peuple qui était présent ; ce qui ne peut manquer de produire de bons effets par rapport à la religion. Pour ce qui est du père Laurifice il suivit l'empereur, et ce prince lui dit qu'il devait vivre tranquille, et s'assurer que son repos ne serait pas troublé dans son église. Quand il se sépara de la barque impériale, Sa Majesté lui fit crier la même chose à haute voix, afin que tous les mandarins de la province qui étaient présents l'entendissent, et connussent que ce missionnaire était sous sa protection. L'empereur en sortant de Han tcheou ordonna au tsong tou de la province d'aller reprendre le sceau impérial d'entre les mains du vice-roi de la même province, et de le déposséder sur-le-champ de sa charge ; le tsian kun et le vice-roi s'étaient accusés réciproquement l'un l'autre, et Sa Majesté avait envoyé deux mandarins de la cour pour les juger ; ces deux mandarins trouvèrent le vice-roi coupable, et le condamnèrent à être étranglé. L'affaire fut renvoyée à trois des tribunaux souverains de Peking pour en délibérer ; ils confirmèrent la sentence des deux mandarins, et changèrent seulement le genre de mort ; car ils condamnèrent le vice-roi à avoir la tête tranchée ; supplice qui est plus infamant à la Chine que d'être étranglé, parce que les Chinois souhaitent avec passion que leurs corps se conservent en entier après leur mort. Le 7 nous allâmes au-devant de l'empereur qui revint ce jour-là à Peking. Nous nous avançâmes jusqu'au parc de Sa Majesté, où nous eûmes l'honneur de le saluer à son passage ; dès qu'il nous aperçut, il envoya vers nous Tchao laoyé qui était proche de sa personne. Nous dîmes à ce mandarin que nous étions venus pour nous informer de la santé de Sa Majesté, et en même temps pour la remercier des faveurs dont elle avait comblé les Pères qu'elle avait trouvé sur sa route. Ce mandarin porta notre compliment à l'empereur, et revint nous dire de nous trouver le lendemain au palais à midi ; nous saluâmes plusieurs des Grands de la suite de Sa Majesté, qui étaient de notre connaissance plus particulière, entr'autres Kiou kieou, oncle maternel de l'empereur, et So san laoyé, grand oncle maternel du prince héritier. Tous deux nous témoignèrent qu'ils nous étaient fort obligés des présents que les pères Gabiani et de Fontaney leur avaient fait à Nan king de quelques curiosités d'Europe. Le 8 nous nous rendîmes au palais à midi, et après avoir attendu fort longtemps dans un vestibule où l'empereur reçoit d'ordinaire les mémoriaux des tribunaux, on vint enfin recevoir nos remercîments des honneurs que Sa Majesté avait faits dans ce voyage à nos Pères, et aux Pères de Saint François, qui se sont présentés devant lui sur sa route. Le 12 Tchao laoyé vint de la part de l'empereur en notre maison ; il apporta un verre objectif pour faire une lunette de soixante pieds de long, avec un oculaire proportionné que le père de Fontaney avait présenté à Sa Majesté à son passage à Nan king, et il nous chargea de faire faire les tubes, et