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plus vite, que pour ne pas fouler le peuple par une escorte nombreuse ; son fils aîné et son frère aîné l'accompagnèrent ; tous les autres princes demeurèrent à Peking. Le 24 nous reçûmes une lettre du père Joseph Ocha espagnol, qui demeure à Tsi nan fou capitale de la province de Chan tong, par laquelle il nous priait de remercier l'empereur du favorable accueil qu'il lui avait fait en considération des Pères qui sont à la cour. Ce Père étant allé au-devant de Sa Majesté à une lieue de Tsi nan, l'empereur l'appela dès qu'il l'aperçut, et l'ayant fait avancer, il le prit par le bras gauche, le fit marcher près de sa personne, lui demanda son nom, et lui fit plusieurs questions ; ensuite Sa Majesté le mit entre les mains de deux des mandarins de la chambre, dont l'un est celui qui a soin de toutes nos affaires auprès de l'empereur. Ces deux mandarins entretinrent familièrement le missionnaire jusqu'à l'entrée de la ville, après quoi ils lui dirent qu'ils iraient le voir dans son église après s'être un peu reposés ; ils y vinrent en effet ; ils se prosternèrent dans l'église devant le grand autel, battant de la tête contre terre, ce qui est la plus grande marque de vénération qu'on donne à la Chine ; ils lui dirent que l'empereur qui les avait envoyés, leur avait ordonné d'en user ainsi ; après quoi ils donnèrent au Père vingt taëls de la part de Sa Majesté, et ne voulurent rien accepter des bagatelles que le missionnaire avait préparées pour offrir à l'empereur ; ils lui firent encore différentes questions sur le temps de son entrée à la Chine, sur son pays, s'il était venu à Peking, puis l'avertirent d'informer les Pères de la cour du bon accueil que Sa Majesté lui avait fait en leur considération. Le premier jour de mars le père Vallat jésuite français, âgé de soixante-quinze ans, arriva dans notre maison de Peking après avoir visité les églises de la province de Pe tche li pendant quatre mois entiers de l'hiver ; il baptisa dans cette course apostolique près de sept cents personnes, la plupart adultes. Le 20 nous reçûmes des lettres du père Prosper Intorcetta du 28 de février dernier, par lesquelles il nous donnait avis de l'honneur singulier que lui avait fait l'empereur ce jour-là même, lorsqu'il était allé au-devant de Sa Majesté environ à trois lieues de Hang tcheou. Ce Père marquait dans ses lettres, que s'étant mis dans une petite barque en un lieu par où la barque impériale devait passer, il s'agenouilla sur la proue au moment que l'empereur parut ; que Sa Majesté l'ayant aperçu, fît demander qui était dans cette petite barque, et que comme on lui eut répondu que c'était le Père européen qui demeurait dans l'église que les chrétiens ont à Hang tcheou, il ordonna qu'on fît approcher la barque du missionnaire et qu'on l'attachât à la sienne, qu'ensuite l'ayant fait venir en sa présence, il lui demanda son nom, son âge, combien il y avait qu'il demeurait à la Chine, s'il avait fait quelque voyage à la cour, s'il savait les lettres chinoises, en quel lieu il avait demeuré, depuis combien de temps il avait reçu des lettres des Pères de Peking, en quel lieu de la ville était son église, et enfin si le père Fontaney était à Nan king.