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manquent pas de se faire des présents les uns aux autres, et de se visiter au commencement de la nouvelle année. Il y a deux sortes de visites, l'une entre les amis qui demeurent proches les uns des autres ; elle se fait le dernier jour de l'année après que le soleil est couché ; on s'assemble et on se rend mutuellement le salut en se prosternant jusqu'à terre, ce qui s'appelle tsu sui. L'autre visite se rend avec les mêmes cérémonies, ou le premier jour de l'année, ou les jours suivants ; plus tôt on s'acquitte de ce devoir, et plus on marque de respect et de considération pour les personnes auxquelles on le rend. Au reste, ce dernier jour de l'année chinoise, la nuit suivante, et les dix-huit premiers jours de l'année sont comme le carnaval des Chinois, et le temps de leurs grandes fêtes de réjouissance ; on ne songe alors qu'à se divertir et à faire bonne chère ; les plus pauvres gens font les derniers efforts pour acheter, louer, ou du moins emprunter des habits neufs pour eux, pour leurs femmes, et leurs enfants, et pour avoir de quoi se régaler eux et leurs parents et amis, qui viennent les visiter en ce tems-là. Non seulement ils dépensent souvent tout ce qu'ils ont gagné pendant le cours de l'année, mais on m'a assuré qu'ils vendaient jusqu'à leurs propres enfants, et qu'ils s'engageaient eux-mêmes, pour avoir de quoi célébrer cette fête. Le 21 premier jour de l'année chinoise, la vingt-huitième du règne de l'empereur Cang hi, se passa presque tout à recevoir, et à rendre les visites et les saluts accoutumés ; on commença par aller au palais dès le matin après que l'empereur fut revenu du tai miao ou salle de ses ancêtres, où il alla dès la pointe du jour, suivant la coutume ; il reçut assis sur son trône les respects et les hommages que les princes et les mandarins lui rendirent vêtus de leurs habits de cérémonie. Il avait commencé lui-même à rendre ses respects à la reine mère, qui les reçoit assise sur son trône ; les plus grands mandarins suivent l'empereur lorsqu'il va faire cette cérémonie à l'appartement de la reine mère. Nous fîmes aussi le même salut à l'empereur, et le remerciâmes du présent qu'il nous avait envoyé ; mais nous ne fîmes pas cette cérémonie en sa présence, ce fut seulement en présence d'un mandarin de sa chambre, qui ensuite nous fit donner du thé de la part de Sa Majesté. Le 26 nous allâmes prendre congé de l'empereur qui devait partir le lendemain pour aller dans les provinces du sud. Sa Majesté nous fit demander les noms de ceux de nos Pères, qui demeuraient dans les lieux de son passage, et elle ajouta qu'elle les verrait volontiers, et même qu'elle visiterait leurs églises ; il recommanda en même temps à Tchao laoyé de ne pas oublier de porter quelque chose pour leur donner. Nous voulûmes dès l'heure même remercier Sa Majesté de cette insigne bienveillance ; mais elle nous fit dire qu'il n'était pas à propos de faire les remercîments avant que d'avoir reçu le bienfait, et qu'il serait assez temps à son retour. Le 27 Sa Majesté partit accompagné de peu de monde, tant pour aller