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ordonnée au Tribunal des rits de faire en son nom, en l'honneur du père Ferdinand Verbiest. C’est un honneur que l'empereur ne fait qu'à des gens d'un mérite fort extraordinaire. Voici comment la cérémonie se passa. L'empereur avait ordonné quelque temps après l'enterrement du Père, que le Tribunal des rits délibérât sur les honneurs que l'on devait rendre à la mémoire d'un homme qui avait rendu des services importants à l'empire. Dans le mémorial que le Tribunal présenta peu de jours après à Sa Majesté, il répondit que son sentiment était qu'on fît la cérémonie, qui ne se fait que pour des personnes d'un mérite rare, et qu'on fournît 750 taëls, qu'ils tireraient du trésor de Sa Majesté pour les frais de la sépulture et du tombeau qu'on lui dresserait ; que sur ce tombeau on graverait un éloge, composé par Sa Majesté. L'empereur approuva la résolution du Tribunal, et ajouta plusieurs choses en l'honneur du Père ; après quoi l'argent fut délivré entre les mains du père Thomas Pereira, afin qu'il prît le soin de faire élever un mausolée au défunt. Mais comme l'empereur nous envoya presque dans le même temps le père Pereira et moi en Tartarie, l'exécution de cette cérémonie fut différée jusqu'après notre retour ; tout ayant été disposé, le père Pereira fit avertir les officiers du Tribunal des rits, qu'ils pourraient la faire quand il leur plairait ; ils répondirent que nous n'avions qu'à marquer le jour. Ensuite les six grands officiers du Tribunal, trois tartares et trois chinois allèrent à la maison de plaisance de l'empereur, où il était pour lors, et lui demandèrent lequel d'entr'eux il lui plaisait de nommer pour représenter sa personne en cette occasion, et faire yu tsi 1 de sa part. L'empereur choisit le premier assesseur tartare, nommé Si laoyé, qui est la troisième personne du Tribunal, et ordonna qu'il fût accompagné de dix autres moindres officiers du même Tribunal ; ils partirent dès le matin au jour marqué. Sept cavaliers marchaient à la tête de ces officiers, deux portaient des étendards, deux des écriteaux en lettres d'or, deux des massues, et le septième portait l'éloge que l'empereur avait fait du Père ; il était écrit sur un grand rouleau, enveloppé d'un morceau de soie jaune, et le tout attaché sur le dos du cavalier ; suivait Si laoyé accompagné de dix moindres officiers du Tribunal, tous à cheval. Nous allâmes les recevoir à la porte du lieu où est notre sépulture ; et quand la dépêche de l'empereur passa devant nous, nous nous agenouillâmes par respect, et nous entrâmes après les mandarins, que nous conduisîmes à l'endroit où le Père est enterré. On avait bâti immédiatement sur la fosse du Père un mausolée qui consistait