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Tartares avant que d'arriver en notre maison où nous fûmes reçus de nos Pères avec beaucoup de joie et de charité. Le 15 l'empereur retourna à Peking ; nous allâmes le même jour au palais demander des nouvelles de sa santé. Il nous fit l'honneur de nous envoyer du thé, préparé a la manière tartare, comme il le boit lui-même. Kiou kieou envoya aussi le même jour demander des nouvelles de la santé du père Pereira et de la mienne. Le 4 de novembre l'empereur partit accompagné de toute sa cour, pour aller au tombeau de son aïeule, et lui rendre les devoirs, ce qu'il avait fait plusieurs fois en notre absence. Le 11 l'empereur retourna à Peking. Vers ce temps-là je baptisai trois personnes, deux adultes, et un enfant. Le 14 il acheva la cérémonie qui concernait son aïeule 1, c'est-à-dire, qu'il mit son nom et son éloge dans le lieu où se mettent les noms des empereurs, des princes et des mandarins, qui ont passé pour gens d'un mérite, et d'une vertu extraordinaire. L'empereur y alla lui-même rendre les devoirs accoutumés, c'est-à-dire, courber la tête jusqu'à terre, à tous les noms qui sont dans le temple, et particulièrement à celui de son aïeule. Le 15 il y eut pan tchao en action de grâces, de ce que l'aïeule de l'empereur avait été placée dans la salle des héros : ce pan tchao consiste en une déclaration que fait l'empereur qu'il pardonne à tels et tels coupables, qu'il les délivre de prison, et qu'il fait telles et telles largesses à ses officiers. Dans ce pan tchao l'empereur commanda qu'on fît donner des pièces de soie à tous les mandarins de la cour, aux tsong tou, c'est-à-dire, aux gouverneurs généraux, aux vice-rois, et aux officiers généraux de ses troupes qui sont dans les provinces ; il accorda un pardon général aux coupables dont les crimes ne sont pas atroces, et diminua le supplice de ceux-ci ; mais il excepta de cette grâce les mandarins ; ne voulant pas que dans l'administration de leurs charges, ils prissent occasion de faire des fautes et des injustices, dans l'espérance d'obtenir ce pardon, qui se donne en beaucoup d'occasions, comme quand il arrive quelque sècheresse extraordinaire, quand l'empereur ou sa mère sont dangereusement malades, quand il survient des tremblements de terres considérables. Le 25 l'empereur alla demeurer pour quelques jours dans son parc, où il se divertit à la chasse ; il y fit venir trois des huit étendards qui composent toute la milice tartare, pour leur faire faire l'exercice. Ce parc est à un quart de lieue de Peking. Il est fermé de murailles, et a dix-huit lieues de circuit. Le 9 nous allâmes dès le matin à notre sépulture, pour assister à la cérémonie que l'empereur avait