Page:Du halde description de la chine volume 4.djvu/189

Cette page n’a pas encore été corrigée

pas géométriques au-dessus de l'horizon de Gan kia ton, qui n'en est qu'à quatre-vingt lieues. L'on avait déjà assuré que le mont Petcha, qui est à sept ou huit journées au nord de Sirgataye, où nous avons quitté l'empereur était élevé au-dessus de l'horizon de la Chine de neuf lys, ce qui me paraissait extraordinaire, vu que cette montagne n'est pas fort élevée au-dessus du pays d'alentour ; mais depuis que j'ai moi-même traversé une partie de ce pays, et que j'ai remarqué qu'il baisse continuellement du nord au sud, c'est-à-dire, de la Tartarie vers la Chine, ce que l'on juge par la rapidité dont coulent les rivières qui prennent leur source dans la montagne de Petcha ; depuis, dis-je, que j'ai vu cela de mes propres yeux, je n'ai pas de peine à croire que le mont Petcha, et toute la Tartarie occidentale, au moins celle que j'ai parcourue, ne soit beaucoup plus élevée que la Chine, et c’est sans doute une des raisons qui rend ce pays si froid, quoiqu'il soit dans une élévation de pôle fort tempérée ; car son climat est à la même hauteur que celui de France. Ce qui peut y contribuer encore, c’est d'un côté la grande quantité de sel et de salpêtre mêlé avec le sable qui se trouve dans toutes les terres du royaume de Kalka, et de Mongous soumis à l'empereur de la Chine ; et d'un autre côté la multitude prodigieuse de montagnes toutes couvertes de bois, et pleines de sources et de fontaines ; à quoi l'on peut ajouter cet espace immense de terres désertes et incultes, qui sont depuis la mer septentrionale jusqu'à la Chine. Cette vaste étendue de pays n'étant cultivée ni habitée que par quelques pauvres chasseurs et Tartares, qui errent çà et là. Quoiqu'il en soit, il y a un mois entier qu'il n'a presque pas manqué un jour de geler la nuit et le matin, et souvent à glace, lorsque le ciel a été découvert, ainsi que je l'ai marqué dans ce journal, et encore aujourd'hui la nuit et le matin il a gelé si fort au lieu d'où nous sommes partis, que non seulement l'eau dormante était glacée d'un doigt d'épaisseur, mais encore que la boue était fortement prise. Au contraire à Kou pé keou on nous a dit, que non seulement il n'était pas encore tombé de gelée blanche, mais même qu'ordinairement il n'en tombait jamais avant la mi-octobre ; cette différence si sensible dans des lieux si peu éloignés les uns des autres, ne peut venir que de ce que les horizons de ces lieux sont de différente élévation. Nous marchâmes presque toujours dans des détroits de montagnes, ou dans des vallées étroites, qui ne laissent pas d'être cultivées partout où il y a un peu de terre découverte. On rencontre sur le chemin des hameaux et des maisons, lesquelles, pour la plupart, servent de cabarets ; les Chinois les y ont bâties, à cause du profit qu'ils en retirent pendant que l'empereur y est à la chasse dans ces montagnes ; car durant ce temps-là c’est un flux et reflux perpétuel de monde qui va et vient, ou de Peking au camp de l'empereur, ou de son camp à Peking. Notre route ordinaire fut au sud-ouest, au sud, et au sud-sud-ouest ;