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Après avoir passé la rivière nous entrâmes dans un assez grand village qui en est proche pour y attendre nos chevaux et notre bagage, qui avaient pris un autre chemin un peu plus long, afin d'éviter les fréquents passages de la rivière ; ils n'arrivèrent que fort tard ; nous nous logeâmes comme nous pûmes dans une méchante hôtellerie, où il ne se trouva ni pain, ni vin, ni viande. Il fit tout le jour un temps fort beau et fort serein ; il fit froid la nuit et le matin, la terre était toute couverte de gelée blanche ; le reste du jour l'air fut assez tempéré ; après midi il y eut un grand vent de sud-ouest jusqu'au soir ; je crois que la route que nous avons faite depuis que nous sommes entrés à Poro hotun au sud-ouest, est de cinquante lys, en retranchant les détours que nous fûmes obligés de prendre. Le 3 nous fîmes 90 lys, partie au sud-sud-ouest, partie au sud-ouest, et rabattant vingt lys à cause des détours que nous fûmes obligés de prendre dans les montagnes, j'estime que notre route fut de soixante-dix lys ; trente au sud-sud-ouest, et quarante au sud-ouest. Nous passâmes encore deux autres rivières, celle de Lan ho après trente lys de chemin, et trente lys après celle de Tao ho, toutes deux à gué. Elles vont se joindre du côté de l'orient à celle de I tsou bo.

La plupart des montagnes, entre lesquelles nous passâmes, ne sont, ni si hautes, ni si affreuses que celles des jours précédents, et sont moins couvertes de grands bois, particulièrement de pins ; nous en montâmes et descendîmes deux, l'une immédiatement après le passage à I tsou ho qui est fort haute, et l'autre beaucoup moins haute, à quatre-vingt lys de là, qu'on trouve après avoir passé un gros village nommé Gan kia ton ; nous avions dessein de passer la nuit dans ce village, mais toutes les maisons logeables étaient occupées par les gens qui ont soin des chevaux de l'empereur ; c'est ce qui nous obligea de passer encore cette petite montagne ; nous gagnâmes un petit hameau, et nous logeâmes dans une hôtellerie un peu plus spacieuse que la dernière, mais également misérable et destituée de toutes choses. Les chemins qu'on a pratiqués dans ces montagnes sont assez commodes, parce qu'ils ont été faits par ordre de l'empereur, qui y passe et repasse tous les ans allant à la chasse ; de sorte que les chaises roulantes des femmes passent aisément lorsqu'il en mène à sa suite ; nous trouvâmes encore sur ce chemin de la vigne sauvage, dont nous cueillîmes quelques raisins, plusieurs faisans, et des poires sauvages, semblables à nos poires de bois, et de même goût. Le temps ressembla à celui du jour précédent, et ce fut le même vent qui régna. Le 4 nous fîmes 70 lys ; nous grimpâmes d'abord une montagne qui n’est pas fort élevée au-dessus de l'horizon du pays d'où nous venions, mais la descente est incomparablement plus longue, et le pays va toujours en baissant considérablement jusqu'à Kou pe keou, qui est une des portes de la grande muraille de la Chine ; de sorte que je ne doute pas que l'horizon de l'entrée de la Chine de ce côté-là ne soit pour le moins de sept à huit cents