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laquelle les Moscovites ont d'assez grandes barques : il me dit que cette ville n'était fermée que de grosses palissades ; qu'elle était composée de deux à trois cents maisons, toutes de bois ; que le pays était fort bon, et beaucoup plus tempéré que cette partie de la Tartarie ou nous étions, quoiqu'il soit plus vers le nord ; qu'il y avait plus de quinze cents lys du lieu où ils s'étaient séparés de nous, jusqu'à Selengha ; qu'ils avaient toujours marché vers le nord, prenant un peu de l'ouest ; que les Moscovites les avaient traités fort honorablement ; qu'ils avaient avancé encore plus de deux cents lys au-delà de Selengha, pour aller gagner une petite forteresse, où étaient les plénipotentiaires ; que le chef de cette ambassade et ses deux collègues paraissaient gens de qualité, qu'ils leur avaient offert de beaux présents de peaux de zibelines, d'hermines, et d'autres choses de cette nature ; mais qu'ils n'avaient pas voulu les accepter, quoique les Moscovites les pressassent fort de ne les pas refuser ; qu'enfin on ne les avait retenus que trois jours, pour ne pas retarder leur départ contre leur gré. Le temps fut couvert tout le jour de gros nuages, et il plut presque toujours, depuis midi jusqu'au soir ; il plut aussi une partie de la nuit, pendant laquelle il régna un vent de sud-ouest. Le 30 nous partîmes du camp de l'empereur, après avoir été prendre congé des deux princes du sang. Le second de ces princes avait envoyé le matin un de ses officiers au père Pereira, pour lui demander des nouvelles de sa santé ; ils nous reçurent tous deux avec bonté, particulièrement Hetouvan, qui nous fit asseoir près de sa personne, et nous fit présenter du thé. Il se serait volontiers entretenu quelque temps avec nous, si nous ne nous en fussions excusés, sur ce que nous étions pressés de partir. Nous allâmes aussi prendre congé de quelques autres Grands de la cour ; puis nous fîmes environ soixante-dix lys, quarante presque droit à l'ouest, et trente au sud-ouest ; nous vînmes camper à dix lys plus avant que le quartier général ; nous prîmes pour cela un chemin de traverse au milieu des montagnes, qui est beaucoup plus court que celui que nous avions suivi en venant. Le temps fut couvert tout le matin jusqu'à midi ; il se découvrit ensuite, mais il fit un grand vent de sud-ouest qui dura jusqu'à la nuit. Le premier jour d'octobre nous fîmes cent dix lys ; les trente premiers au sud, prenant tant soit peu de l'ouest, les vingt suivants au sud-sud-ouest, ensuite trente au sud-ouest, et là nous quittâmes le droit chemin pour nous rendre à une métairie de Kiou kieou, où il avait envoyé une partie des chevaux de nos domestiques dont nous avions besoin ; nous tournâmes donc droit à l'ouest, et nous fîmes environ dix lys dans un petit vallon, qui est borné d'un côté par de hautes montagnes, et de l'autre par des collines semées d'oulanas. Il y en a de différentes sortes ; ceux qui sont d'un rouge plus pâle sont les meilleurs, et ne diffèrent presque en rien pour le goût de nos cerises aigres ; il y en a d'autres qui sont extrêmement doux, d'autres plus aigres ; nous en cueillîmes, et en mangeâmes à discrétion ; ensuite nous trouvâmes une