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le jour dans les bois, et ne revint que plus de deux heures après le coucher du soleil. Il fit aussi très beau temps ce jour-là, excepté qu'il ne fit pas si froid la nuit et le matin. Le 29 Sa Majesté étant partie à son ordinaire deux heures avant le lever du soleil, pour aller à la chasse, ordonna qu'on allât camper dans un autre détroit de montagnes appelées Sirga taié, lieu fort commode pour la chasse : nous fîmes pour nous y rendre cinquante lys, trente à l'est nord-est, et vingt au sud-sud-ouest ; et nous marchâmes dans des vallées semblables aux précédentes. Après avoir fait les trente premiers lys, nous nous reposâmes près d'une très belle fontaine, qui, dès sa source, forme un assez gros ruisseau rempli de petits poissons. Un de nos gens en pêcha bien une vingtaine, avec une méchante ligne. En partant de là pour nous rendre au camp de l'empereur, nous rencontrâmes son fils aîné, qui allait dans les bois appeler le cerf : il n'avait que vingt-cinq ou trente personnes à sa suite ; il était campé peu loin de là, et la tente était presque toute semblable à celle de l'empereur ; mais elle n'était environnée que d'une enceinte de petites tentes. Un peu après être arrivés au camp, nous demandâmes des nouvelles de la santé de Sa Majesté, et quelles étaient ses intentions touchant ce que nous avions à faire. Sa Majesté nous fit dire, que n'ayant plus d'affaire pour le présent auprès de sa personne, et ayant déjà fait un si long voyage, il nous permettait de retourner à Peking ; mais que quand les plénipotentiaires de Moscovie seraient arrivés, il verrait quel parti il y aurait à prendre. Il nous fit faire ensuite plusieurs questions sur notre voyage, et le père Pereira lui ayant fait savoir, que des seize chevaux qu'il avait eu la bonté de nous faire fournir par le Tribunal du Ping pou, il en manquait sept, qui étaient morts ou perdus, il eut la bonté de répondre qu'il suffisait que nous rendissions au Ping pou ceux qui restaient, avec les chameaux qu'il nous avait fait fournir. Ce jour-là nous dinâmes avec Kiou kieou dans la tente du frère du dernier régulo de Canton, qui fut étranglé par arrêt du Tribunal des régulos de Peking, pour cause de rébellion ; l'empereur convaincu qu'il n'avait eu aucune part à cette révolte, à eu toujours de la considération pour lui, il s'appelle Tchang gué fou. Ces deux derniers mots, Gué fou, marquent la dignité de ceux qui ont épousé des filles des empereurs de la Chine. Ces régulos vont immédiatement après les princes du sang. Celui dont je parle, qui est fort vieux, est marié avec une des sœurs du père de l'empereur régnant ; sa table était très bien servie, et mieux qu'aucune table ordinaire que j'aie vue des autres Grands de la cour, soit tartares, soit chinois. J'appris ce jour-là même d'un des officiers qui avait été envoyé par nos ambassadeurs vers les plénipotentiaires de Moscovie, que Selengha était sur le bord d'une grande rivière, qui a quatre à cinq lys de largeur, et sur