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pris les devants ; nous trouvâmes les deux princes du sang, qui étaient venus attendre Sa Majesté sur le chemin ; ils n'étaient accompagnés que de quelques-uns de leurs premiers officiers, parce que les gardes postés à toutes les avenues, ne laissent passer personne du côté où est allé l'empereur. Nous nous arrêtâmes auprès de ces deux princes, et ayant mis pied à terre, nous eûmes l'honneur de les saluer ; ils nous reçurent avec bonté ; le frère aîné du roi, qu'on appelle le grand régulo, est un grand homme bien fait, affable, et populaire ; il s'entretint assez longtemps fort familièrement avec des officiers de la garde de l'empereur ; son vêtement était simple, de même que celui de l'autre prince qui s'appelle Hetouvan : tous deux étaient montés sur des chevaux de peu d'apparence, et dont les harnais étaient fort communs, de sorte que rien ne les distinguait à l'extérieur des autres mandarins. A l'entrée de la nuit un des officiers de la suite de Sa Majesté, vint dire qu'on envoyât deux chameaux en diligence, pour rapporter les cerfs que l'empereur avait tués, ce qui nous fit croire que Sa Majesté revenait : c’est pourquoi nous nous avançâmes le père Pereira et moi, et nous joignîmes Kiou kieou et Ma laoyé, avec lesquels nous attendîmes sur le chemin, jusqu'à ce que Sa Majesté parût. Aussitôt que nous l'aperçûmes, ou plutôt que nous ouïmes le bruit que faisaient les chevaux de sa suite, car la nuit était fort obscure, et il n'y avait point de lumière, nous mîmes pied à terre, et tenant chacun notre cheval par la bride, nous nous mîmes à genoux sur le bord du chemin ; lorsque Sa Majesté fut près de nous, il s'arrêta, et demanda qui nous étions : Kiou kieou nous nomma, après quoi Sa Majesté demanda si nous nous portions bien, et elle ajouta fort obligeamment que nous avions bien fatigué. Elle nous dit de remonter à cheval, et de la suivre, ce que nous fîmes ; il n'y avait pas plus de cent personnes à sa suite ; un de ses enfants de dix ou onze ans marchait immédiatement après lui, ayant un petit arc et un petit carquois plein de flèches ; l'empereur portait aussi lui-même son arc et son carquois à la ceinture. Un peu après que nous fûmes remontés à cheval, il appela Tchao laoyé, et lui ordonna de nous dire de sa part qu'il avait appris des nouvelles du père Grimaldi ; qu'il n'avait pu prendre le chemin de Perse, pour aller de là par terre en Moscovie : et qu'il avait pris la route de Portugal. En arrivant assez proche du camp, on vint avec des lanternes au-devant de Sa Majesté. Elle entra dans son camp, et se fit apporter à manger ; nous nous retirâmes dans la tente de Tchao laoyé, où nous passâmes la nuit, parce que nos tentes n'étaient pas arrivées. Il fit un très beau temps tout le jour, et assez tempéré depuis les huit à neuf heures du matin : car auparavant il avait fait grand froid aussi bien que toute la nuit, et il avait gelé à glace. Le 28 nous séjournâmes dans le même camp, où une partie de notre bagage arriva, le reste étant demeuré à dix lys du quartier général, avec le gros de l'équipage de Kiou kieou. L'empereur passa à son ordinaire tout