Page:Du halde description de la chine volume 4.djvu/178

Cette page n’a pas encore été corrigée

de ces princes, qui sont chargés du soin de leurs troupeaux. Nous campâmes un peu au-delà de cette dernière plaine proche d'un petit ruisseau, dont l'eau était fort claire et fort bonne, dans un vallon où il se trouvait çà et là des arbres, des buissons, et de bons fourrages. Ma laoyé avait fait pêcher dans un des ruisseaux que nous trouvâmes sur le chemin, et envoya de petits poissons au père Pereira, qui les mangea avec appétit. Nous marchâmes toujours dans un chemin fort frayé. Il fit fort chaud depuis le matin jusque vers deux heures après midi ; ensuite le temps fut couvert le reste du jour, et il tomba même un peu de pluie, mais qui ne fut pas de durée. Le 23 nous fîmes 70 lys presque toujours à l'est ; nous prîmes cependant de temps en temps un peu du nord en tournant autour de quelques hauteurs ; le pays était à peu près semblable à celui du jour précédent, si ce n'est que nous ne trouvâmes point de camp, ni d'habitation de Mongous. Nous passâmes deux petites rivières à gué, l'eau en était belle et claire ; nous trouvâmes aussi plusieurs petits ruisseaux : ces rivières viennent, dit-on, du mont Petcha qui est au nord-est de ce pays : elles coulent au sud-ouest assez longtemps, et ensuite elles retournent à l'est, et se vont jeter dans la mer Orientale. Nous suivîmes toujours le grand chemin, que l'empereur avec sa suite a fait en passant par ce pays, lorsqu'il est allé à la chasse du cerf, après avoir achevé celle des chèvres jaunes. Nous campâmes le long de la dernière de ces deux rivières dans un lieu fort agréable : nous avions pour point de vue des montagnes dans le lointain qui était au sud-est, au sud, et au sud-ouest, toutes chargées d'arbres, et une assez grande plaine peu égale, mais fort diversifiée d'arbrisseaux et de buissons. C'est au milieu de cette plaine que coule la rivière, de même qu'un gros ruisseau qui vient s'y jeter. Il fit un temps fort tempéré tout le jour, le matin le temps fut serein avec un vent d'est qui se tourna au sud, et ensuite à l'ouest ; l'après-midi le temps fut couvert jusqu'au soir, et il y eut de la pluie et du tonnerre à diverses reprises.

Le 24 nous fîmes 50 lys à l'est-sud-est : la moitié du chemin fut de même que les deux jours précédents : après quoi nous descendîmes dans un détroit de montagnes ou nous fîmes les quinze derniers lys. Ce détroit est fort étroit, et le chemin fort difficile, particulièrement pour les bêtes de charge. Il y a un ruisseau qui coule dans le fond, dont l'eau est très claire et très bonne : des deux côtés ce sont des montagnes assez hautes et fort roides, la plupart couvertes de bois de haute futaie : sur le sommet il y a quelques pins : sur le penchant ce sont des coudriers et d'autres arbrisseaux ; on en voit qui ne sont qu'à demi couvertes de bois d'aulnes dispersés çà et là, et d'autres qui ont de gros rochers sur leur sommet : ce qui fait un spectacle assez divertissant.