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fut fort froid le matin, la terre était couverte d'une gelée blanche : le reste du jour le temps fut serein et moins froid. Le 21 nous fîmes soixante lys à l'est-sud-est, partie par des montagnes semblables à celles du jour précédent, et partie dans une grande plaine qui est toute environnée, vers le milieu de laquelle passe un ruisseau, qu'on dit être le bras d'une grosse rivière nommée Lan ho. La plaine est assez stérile jusqu'à ce ruisseau, ce n'est proprement qu'une pelouse ; mais au-delà en avançant au sud-est, le terroir est fort bon, surtout lorsqu'on approche des montagnes qui sont au-delà, on y trouve quantité d'excellents pâturages. Il y a aussi dans cette plaine plusieurs petits camps de Mongous. Au nord-ouest de la plaine on voit deux tours bâties sur une hauteur. Nous vînmes camper au bout de la plaine et au pied des montagnes proche d'un camp de ces Mongous qui appartiennent à l'empereur, et qui ont soin des troupeaux, et des haras, qu'il fait nourrir en cet endroit. Il fit fort froid le matin, et il tomba une grosse gelée blanche. Le temps fut serein le reste du jour et assez frais, parce qu'il soufflait un vent d'ouest. Le soir on nous apporta un panier d'un petit fruit nommé oulana par ceux du pays : il est presque semblable à nos cerises aigres, à la réserve qu'il est un peu plus pâteux, et il aide admirablement bien à la digestion : Kiou kieou et Ma laoyé en avaient envoyé chercher exprès pour le père Pereira qui se trouvait extrêmement incommodé, et dans un dégoût universel, de sorte qu'il ne pouvait prendre aucune nourriture : il lui semblait que ce fruit lui ferait du bien, comme il arriva en effet : car quoiqu'il fût déjà presque pourri, ou à demi séché, il ne laissa pas d'en manger avec appétit, et il s'en trouva beaucoup mieux ; le lendemain j'en mangeai aussi, il me fit du bien ; quand il est dans sa maturité, il a le goût fort agréable ; il croît sur de petites plantes dans les vallées, et au pied des montagnes de cet endroit de la Tartarie parmi de grandes herbes. Le 22 nous fîmes 70 lys, huit au sud-est, et le reste en tournant autour de plusieurs montagnes ; depuis le sud-est jusqu'au nord-est, nous marchâmes toujours entre des montagnes qui sont fort agréables à la vue, aussi bien que les vallées, et les petites plaines qu'elles forment. On y voit partout des arbrisseaux, des arbres et des buissons, qui sont comme autant de petits bosquets : les vallons sont remplis de petits rosiers, de poiriers sauvages, et d'autres arbres : il y a grand nombre d'abricotiers sur le penchant des montagnes : des coudriers et des aulnes se trouvent particulièrement sur le bord des ruisseaux qui serpentent sous les arbres. Le long de ces vallées nous trouvâmes trois ou quatre ruisseaux, dont l'un passait au milieu d'une plaine assez vaste, et au-delà de laquelle il y en a une autre moins grande, mais dont les pâturages sont excellents. Nous y vîmes quantité de bestiaux, de chèvres, de bœufs et de moutons, et des tentes de Mongous en plus grand nombre que j'en aie encore vu. On nous dit que tout ce pays, ces troupeaux, ces gens appartenaient à deux princes du sang ; il y avait dans cette espèce de camp des Chinois et des Chinoises esclaves