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Je vis tirer du sel par nos domestiques proche de nos tentes : ils ne firent que creuser environ un pied en terre, et ils trouvèrent une espèce de mine de sel mêlé avec du sable : pour le purifier ils mirent ce sel mêlé de sable dans un bassin, ils y jetèrent de l'eau, le sel fondit, et le sable demeura au fond : alors ils mirent cette eau dans un autre vase pour la cuire, ou la laisser dessécher par le soleil. Il y avait déjà plusieurs jours qu'on m'avait assuré qu'il y avait beaucoup de sel en manière de mine parmi les sables de ce pays, et que les Mongous le tiraient ainsi, ou plus aisément encore dans les marais d'eaux de pluie qui s'amassent dans les fonds, et qui étant desséchés par la chaleur du soleil, laissent une croûte de très pur et de très beau sel, quelquefois de l'épaisseur d'un ou de deux pieds environ, et qu'ils le coupent là par morceaux. Deux ou trois Mongous conduisirent au camp un pauvre Chinois esclave d'un mandarin, qui étant demeuré derrière afin de ramener des chevaux lassés qui ne pouvaient presque plus se traîner, s'était égaré dans le pays de Kalka ; par bonheur il rencontra ces Mongous auxquels il se fit connaître comme il put : car il ne savait pas leur langue ; il y avait déjà trois jours que d'autres Mongous en avaient amené un autre qu'ils avaient retiré d'entre les mains d'un Tartare de Kalka ; celui-ci l'avait pareillement enlevé d'entre les mains d'un autre Tartare de Kalka lequel l'avait fait son esclave, l'ayant trouvé écarté du gros de nos gens, lorsqu'il allait chercher des chevaux perdus. Il lui avait pris tout ce qu'il avait, et même vingt taëls qui appartenaient à son maître, et il l'avait dépouillé de ses habits. Peu de temps après un autre Tartare de Kalka enleva à celui-ci tout ce qu’il avait, tentes, troupeaux, habits, femme et enfants, et ce Chinois même, lequel ayant vu des Tartares Mongous qu'il reconnut à leur bonnet, semblable à celui qu'on porte à la Chine, les réclama, et leur fit entendre qui il était. Ils obligèrent ce Kalka de le leur mettre entre les mains, et de lui rendre l'argent qu'il lui avait pris, mais non pas ses habits qui étaient déjà dissipés. Le temps fut serein tout le jour, mais fort frais, à cause d'un grand vent de sud-ouest. Le 8 au matin il arriva un courrier dépêché par ceux de nos gens, qu'on avait envoyé porter la lettre aux plénipotentiaires de Moscovie à Selengha. Ce courrier était porteur d'une lettre, par laquelle ils donnaient avis à nos ta gin qu'ils étaient déjà proches des limites de cet empire, et qu'ils arriveraient ici au plus tôt, avec la réponse des plénipotentiaires de Moscovie, dont ils étaient chargés : on envoya aussitôt ce même courrier avec un petit officier du Tribunal de Lympha yuen à l'empereur, pour lui en donner avis, et recevoir ses ordres. Le temps fut fort serein tout le jour, froid le matin avant le soleil levé, ensuite assez chaud vers le midi, et vers le soir assez frais, parce qu'il s'éleva sur les deux heures un vent d'ouest médiocre. Le soir le mandarin que l'empereur avait envoyé faire compliment au Grand lama Kalka repassa en notre camp, retournant vers Sa Majesté ;