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il n'y avait point d'eau, aussi avait-on eu soin d'abreuver les bestiaux avant que de partir. Il y avait en récompense du fourrage assez bon et en quantité. J'eus encore la fièvre tout le jour, et je me trouvai plus mal que je n'avais été depuis le commencement du voyage. Sur le soir je pris un peu de thériaque avec du thé, dont je me trouvai bien. Il fit tout le jour un temps assez tempéré, avec un grand vent de sud qui prenait un peu de l'ouest ; le ciel fut aussi un peu couvert la plus grande partie de la journée. Le 16 nous fîmes 40 lys à l'est, toujours en chassant comme les jours précédents, mais il n'y eut qu'une partie du chemin de sables mouvants, le reste était de sables fermes, toujours sans découvrir ni arbre, ni buisson, mais quantité de lièvres et de perdrix, et quelques daims : nous vîmes aussi des vestiges de plusieurs troupeaux de chèvres jaunes : ces derniers jours nous avons toujours marché dans une grande plaine, mais fort inégale, sans néanmoins apercevoir aucune montagne ou hauteur considérable de côté ni d'autre. Je me trouvai le matin sans fièvre, et beaucoup mieux que le jour précédent. Je continuai à prendre un peu de thériaque avec du thé, ce qui acheva de me remettre ; ayant fait ensuite quatre lieues sans avoir rien pris autre chose, et pendant une très grande chaleur, je ne m'en sentis point incommodé. Ce jour-là il vint à So san laoyé plusieurs chevaux chargés de rafraîchissements, et surtout de fruits de Peking : il nous fit goûter d'un melon d'eau, qui n'était que médiocrement bon, mais il y avait des pêches aussi belles et aussi grosses que les plus belles que nous ayons en France, et j'en mangeai une qui me parut d'un très bon goût, excepté qu'elle n'était pas tout à fait mûre. Le 17 nos ta gin se séparèrent encore, et So san laoyé partit de grand matin avec Ma laoyé, pour faire en une journée ce que nous ne devions faire qu'en deux, et nous devancer d'un jour. Nous ne partîmes que sur le soir, et ne fîmes que 20 lys presque toujours au sud, prenant tant soit peu de l'est : tout le chemin se fit en chassant le lièvre dans les sables mouvants : nous campâmes en un lieu, proche duquel il se trouva deux petits puits, qui nous fournirent de fort bonne eau. Il fit tout le jour très grand chaud, parce qu'il n'y eut pas de vent, et que le soleil fut toujours très ardent : le temps commença à se couvrir un peu à l'entrée de la nuit. Je ne me trouvai pas si bien ce jour-là que le précédent : le dégoût que je sentais toujours, était accompagné d'une grande faiblesse d'estomac. Le 18 nous décampâmes dès les quatre heures du matin, et nous fîmes ce jour-là 40 lys au sud-est ; le chemin semblable aux jours précédents, toujours sables mouvants et pleins de lièvres : nous vînmes camper au même lieu ou était encore So san laoyé qui n'en partit que l'après-midi.