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On voit ces pauvres bêtes courir çà et là autour de l'enceinte pour trouver une issue, et ensuite tenter de passer au travers, non seulement d'une grêle de flèches, qu'on leur tire dès qu'ils sont à portée, mais même au travers des jambes des hommes, de sorte qu'on en culbute quelquefois à coups de pieds ; on en voit d'autres qui traînent une flèche qu'ils ont piquée dans le corps, d'autres qui courent à trois pâtes, en ayant une de rompue. Pendant que nous étions à cette chasse, le président du Tribunal des étrangers, qui était demeuré au camp, parce qu'il se trouvait incommodé depuis deux ou trois jours, envoya donner avis aux trois autres ta gin, qu'il venait de recevoir un ordre de l'empereur, qui l'obligeait incessamment de se rendre auprès de Sa Majesté, dans le lieu où il va chasser ; la chasse finit aussitôt, parce que les trois ta gin retournèrent au camp pour voir le président, et pour conférer avec lui avant son départ. Il partit sur le soir, quoiqu'il ne fût pas fort bien remis de son incommodité ; mais l'empereur est tellement redouté des mandarins, qu'il faut qu'ils soient bien malades, pour oser différer tant soit peu l'exécution de ses ordres. Il fit tout le jour un assez grand vent d'ouest, de sorte que la chaleur fut médiocre. Le 13 nous séjournâmes encore dans notre camp ; tout le jour fut extrêmement chaud, excepté vers le soir qu'il fit un peu de vent d'est. Presque tous les soldats et les officiers de la suite des ambassadeurs, achevèrent d'arriver ce jour-là, ils étaient demeurés derrière, et venaient par pelotons les uns après les autres, pour ne se point incommoder, et pour trouver plus commodément de l'eau. Le 14 sur les trois heures après midi, nous décampâmes pour nous avancer du côté du sud-est, et nous approcher ainsi plus près du lieu où l'empereur venait chasser, en attendant la réponse des Moscovites, et les ordres de Sa Majesté, parce que dans le lieu où nous étions, le fourrage manquait déjà aux bestiaux, et qu'il n'y avait point d'autre eau que celle des puits, que nos gens avaient été obligés de creuser. Nous fîmes ce jour-là 15 lys seulement à l'est-sud-est, ce que nos gens firent toujours en chassant les lièvres, dont toutes ces campagnes sont pleines, aussi en tua-t-on beaucoup : c'étaient toujours des sables mouvants ; il y avait du fourrage passablement aux environs du lieu où nous campâmes, et de l'eau qui était assez bonne dans les puits que l'on fit. Le temps fut assez tempéré tout le jour par un bon vent d'ouest. Ce jour-là le dégoût me reprit plus fortement encore que jamais pour avoir pris d'un méchant bouillon contre mon gré, faute d'autre chose qui pût m'aider à avaler un peu de riz. La fièvre me prit même en chemin, me dura le reste du jour, et toute la nuit, mais l'accès ne fut pas considérable. Le 15 nous fîmes 35 lys à l'est, toujours en chassant le lièvre dans les sables mouvants ; il y en avait une quantité prodigieuse ; nous vîmes aussi des perdrix et quelques daims ; nous campâmes dans la plaine en un lieu où