Page:Du halde description de la chine volume 4.djvu/16

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Suivant cette règle, nous ne dirons rien des montagnes voisines de Fong hoang, ni même des autres de cette province, parce qu'en effet elles n'ont rien de singulier, quoique nous n'ignorions pas ce qu'on en rapporte dans les lieux fort éloignés, et qu'on n'ose répéter dans le voisinage : la situation de toutes les montagnes tant soit peu célèbres est dans la carte, et un coup d'œil qu'on y jettera, les fera mieux connaître qu'un long discours.

Nous ne nous arrêterons pas non plus aux rivières de cette province, puisqu'elles n'ont rien qui les distingue de tant d'autres, dont nous donnons les noms dans chaque carte. Car le point de San tcha ho si fameux dans la province, n'est que le concours de trois rivières d'une largeur médiocre, qui après avoir arrosé le pays, se réunissent dans ce lieu, et sous ce nom commun se déchargent dans la mer, ce qui sans doute n'est pas une nouveauté.

Les terres de cette province, à parler en général, sont très bonnes : elles sont fertiles en froment, en millet, en légumes, en coton, et nourrissent de grands troupeaux de bœufs et de moutons, ce qu'on ne voit presque point dans les provinces de la Chine ; le riz y est rare, mais en récompense on y trouve une partie de nos fruits d'Europe, pommes, poires, noix, châtaignes, noisettes, qui croissent en abondance dans toutes les forêts.

Sa partie orientale, qui confine avec l'ancien pays des Mantcheoux, et avec le royaume de Corée, est fort déserte, et surtout fort marécageuse : ainsi on ne doit pas s'étonner de lire dans l'histoire chinoise que sous la famille Tang tchao, l'empereur fut obligé de faire une levée de vingt de nos grandes lieues, pour faire passer son armée dans la Corée, qu'il voulait contraindre à l'hommage que le roi lui refusait : car lorsqu'il a plu dans ces quartiers, ce qui y est fort fréquent, l'eau s'imbibe si généralement, et si avant dans la terre, que les penchants des collines sur lesquels on tâche de faire route, ne sont guère moins marécageux que le bas des plaines.

On voit encore dans plusieurs endroits de cette contrée, des ruines de bourgs et de villages détruits dans les guerres des Chinois avec les Coréens ; mais on n'y trouve nul monument de pierre, ni autre chose qui puisse servir ou de preuve, ou d'éclaircissement à cette partie de l'histoire.


DEUXIÈME GOUVERNEMENT.


Le second grand gouvernement est celui de Kirin oula hotun : il comprend tout ce qui est enfermé entre la palissade orientale de la province de Leao tong qui lui reste à l'ouest, entre l'océan oriental qui le termine à l'est, entre le royaume de Corée qui est au sud, et le grand fleuve Saghalien ou la, dont l'embouchure est un peu au-dessus du 53e parallèle,