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partie du chemin. L'orage commença au sud-est, et passa ensuite au sud et à l'ouest ; nous campâmes au pied de quelques hauteurs où il y avait des puits et de l'eau, mais assez mauvaise. Il plut horriblement toute la nuit, avec un grand vent de nord la plupart du temps ; je pris ce jour-là un peu de cangis c'est-à-dire du riz cuit avec de l'eau, mais je me sentis plus incommode qu'auparavant, et il me prit un grand débordement de bile. Le 2 nous séjournâmes dans le même lieu, et la pluie continua presque tout le jour par intervalle, venant toujours du nord. Je me trouvai un peu mieux, mais toujours incommodé de la bile ; tous les efforts que je faisais pour m'en délivrer étaient inutiles. Le 3 nous fîmes 30 lys au sud-est ; nous trouvâmes presque sur tout le chemin du fourrage entre les sables : nous campâmes entre de petites hauteurs, où il y avait d'assez bonne eau et du fourrage en quantité. Sur le soir un taiki ou prince du sang des rois de Kalka vint visiter nos ambassadeurs, il n'était guère moins hideux que les autres Tartares de Kalka : mais il était vêtu un peu plus proprement, ayant une veste de soie bordée d'argent en quelques endroits, ce qui ne lui seyait pas trop bien : nos ambassadeurs le reçurent cependant avec honneur, et lui firent un grand repas ; il leur fit présent de quelques bœufs et de quelques moutons ; et eux lui donnèrent quelques pièces de soie ; il avait douze ou quinze personnes à sa suite, dont trois ou quatre avaient des vestes de taffetas vert ; tous les autres étaient vêtus d'une simple toile fort grossière, doublée de peaux de moutons. Il fit tout le jour assez froid, le temps ayant été couvert une bonne partie de la matinée, qu'il soufflait un grand vent de nord. Je me trouvai ce jour-là sur le soir plus incommodé que les jours d'auparavant. Le 4 nous fîmes 40 lys au sud-sud-est, dans un pays à peu près semblable à celui des jours précédents, et nous campâmes au pied d'un tas de petites montagnes ou hauteurs, entre lesquelles il se trouva de bonne eau dans des puits déjà faits, et que l'on ne fit que raccommoder et nettoyer. Il fit fort froid tout le jour, principalement le matin que le temps fut couvert ; le froid fut causé par un grand vent de nord, qui régna depuis le matin jusqu'au soir : je me trouvai un peu mieux ce jour-là, et je commençai à prendre un peu de nourriture. Le 5 nous fîmes 45 lys au sud-sud-est à peu près, dans un pays presque semblable à celui du jour précédent, si ce n'est qu'il était considérablement plus élevé : car nous montâmes beaucoup et descendîmes peu : nos gens firent presque tout ce chemin en chassant des lièvres, dont cette campagne est pleine : nous en fîmes partir plus de 50 ou 60 et un seul lévrier, qui n'était pas trop bon, ne laissa pas d'en prendre cinq : on en tua quelques autres à coups de flèches : il y a aussi des perdrix, et il ne s'est presque passé aucun jour depuis que nous retournons en arrière, que nous n'en ayons vu plusieurs compagnies.