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unis avec le roi d'Eluth, contre celui de Kalka. Le 20 nous fîmes trente lys au nord ; nous trouvâmes un peu plus de fourrage çà et là, mais à demi sec. So san laoyé, Ma laoyé, et Pa laoyé, accompagnés de toute leur suite, vinrent au-devant de Kiou kieou jusqu'à une bonne lieue de leur camp : après les civilités ordinaires, nous allâmes camper dans le même lieu, et So san laoyé traita Kiou kieou et ses officiers dans sa tente, avec beaucoup de délicatesse et de propreté : il nous fit l'honneur au père Pereira et à moi de nous distinguer des autres mandarins, en nous faisant servir une table particulière proche de celle des quatre ambassadeurs, sous la même tente. Le lieu où So san laoyé était campé s'appelle Naratte. Le matin vers les quatre heures et demie nous eûmes une grosse pluie, et un grand vent de nord en partant de notre camp : le vent se tourna ensuite au nord-ouest, et dura tout le reste du jour, mais le temps fut toujours serein depuis les six heures du matin jusqu'au soir. Le 21 nous séjournâmes dans notre camp, pour y attendre le retour du mandarin qu'on avait envoyé vers le roi d'Eluth, et la réponse de l'empereur, auquel on avait fait savoir ce qui se passait. Il fit tout le jour un grand vent de nord-ouest ; du reste le temps fut serein ; Ma laoyé nous vint visiter dans la tente du père Pereira ; le soir nous allâmes rendre visite à So san laoyé qui nous reçut avec bonté ; il disputa plus de deux heures sur la religion avec le père Pereira. Lui et tous les autres mandarins firent paraître assez d'ignorance, et donnèrent à juger qu'uniquement occupés de leur fortune, ils ne pensaient guère qu'aux choses de la terre. Le 22 au matin deux mandarins du palais envoyés par l'empereur arrivèrent au camp, et apportèrent une dépêche de Sa Majesté, qui ayant appris que la guerre était allumée entre les rois d'Eluth et de Kalka, ordonnait à ses ambassadeurs de revenir avec tout leur train sur les frontières de la Tartarie qui lui est soumise, en cas néanmoins qu'ils n'eussent pas encore passé les terres de Kalka, où sont les armées ; de plus il leur ordonnait d'envoyer une lettre aux ambassadeurs plénipotentiaires de Moscovie à Selengha pour les informer du sujet de leur retraite, ou pour les inviter à venir sur les frontières de son empire, ou à chercher quelqu'autre moyen de conférer ensemble sur la paix. Suivant ces ordres, les quatre ambassadeurs après avoir tenu conseil avec les deux envoyés de Sa Majesté, résolurent de retourner incessamment jusqu'aux limites de la Tartarie dépendante de la Chine. Ils n'étaient pas fâchés de s'épargner la peine d'aller plus avant, dans un pays aussi détestable que celui-ci. Tous les chevaux de leur équipage étaient extrêmement fatigués, et l'on manquait des provisions nécessaires pour achever le voyage jusqu'auprès de Selengha, ainsi qu'il avait été ordonné quand nous partîmes de Peking : il n'y avait aucune espérance d'en pouvoir recouvrer dans un pays qui était abandonné de tous ses habitants : c’est cependant sur quoi on avait compté : car on ne doutait point qu'on ne trouvât toutes sortes de bestiaux