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de l'irruption du roi d'Eluth, qu'ils ne savaient ce qu'étaient devenus ni leur empereur, ni leur lama son frère ; ils disaient seulement qu'ils avaient pris tous deux la fuite. Nous vînmes camper dans un lieu le plus incommode que nous ayons encore trouvé : car non seulement il n'y avait point de fourrages, mais encore on n'y trouva que de l'eau salée dans les puits que l'on fit, et tout le sable était plein de salpêtre. Il fit fort chaud jusques vers les trois heures après midi, qu'il s'éleva un assez grand vent de nord-ouest, qui rendit la chaleur plus supportable le reste du jour. Le 17 nous fîmes 50 lys, à peu près la moitié au nord, et la moitié au nord-nord-ouest, le pays toujours de même, tout de sable, stérile et brûlé, si ce n'est un peu vers le lieu où nous campâmes, où il y avait du fourrage, auquel les bestiaux n'auraient pas voulu toucher dans un autre pays : car ce n'était que de l'herbe à demi sèche, il n'y avait point d'eau, et comme nous en avions été avertis, on avait fait boire les bestiaux avant que de marcher ce jour-là. Le 18 nous fîmes 78 lys, 30 au nord-nord-ouest, et le reste droit à l'est. Nous trouvâmes sur le chemin deux petits camps de Tartares, toujours également sales et hideux à voir : ils n'avaient que peu d'eau fort mauvaise, quoiqu'ils eussent creusé des puits très profonds : nous ne laissâmes pas d'en faire boire à une partie de nos chevaux. Après avoir fait environ 50 lys, nous trouvâmes deux puits assez profonds au milieu d'une grande plaine : l'eau en était fraîche, mais trouble et blanchâtre, et je fus incommodé d'en avoir bu : ces puits étaient creusés dans un sable plein de mines de cuivre et d'étain : nous trouvâmes sur tout le chemin une très grande quantité de bestiaux morts, et surtout de chevaux : ils étaient apparemment morts de soif, n'y ayant point d'autre eau que celle qu'on tire des puits qu'il faut faire bien profonds, encore n'y trouve-t-on que peu d'eau. Le pays ne m'avait pas encore paru si misérable et si stérile que ce jour-là, ce n'était partout que sables brûlés, qui échauffaient tellement l'air par la réverbération du soleil, que la chaleur était insupportable, quoiqu'il fît un grand vent tout le jour. Ce vent suivit le soleil depuis l'orient jusqu'au couchant, se rangeant toujours du côté que le soleil tournait : nous vînmes camper au pied d'une hauteur où nous trouvâmes de bonne eau, en creusant des puits de trois ou quatre pieds. Il y avait aussi dans le voisinage un camp de Tartares semblables aux autres, c'est-à-dire, très difformes.

Peu après que nous fûmes arrivés dans notre camp, un officier que Kiou kieou avait envoyé depuis sept ou huit jours à So san laoyé, pour le prier de l'attendre, retourna accompagné d'un autre officier et de plusieurs cavaliers que celui-ci envoyait à son tour au devant de Kiou kieou, pour lui dire qu'il l'attendait ; qu'il avait déjà joint Ma laoyé et sa suite, et que le président du Lim fa yuen, nommé Pa laoyé, qui avait pris les devants, l'était aussi