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mauvais coureurs, ne purent attraper que ceux qui avaient été blessés ; nous vîmes aussi quantité de perdrix et de ces oies sauvages jaunes, qui sont sur les bords des ruisseaux. Le pays est toujours un peu inégal, ayant çà et là de petites hauteurs, mais on ne voit plus de montagnes ; nous campâmes le long d'un ruisseau ; et à peine fûmes-nous arrivés, qu'un de ces petits rois qu'on appelle régulos, et qui se sont faits tributaires de l'empereur de la Chine, vint avec son fils rendre visite, et faire compliment à Kiou kieou ; il n'avait que dix ou douze personnes à sa suite : je n'en aperçus qu'un qui eut un peu bon air, et qui fut vêtu d'étoffe de soie ; tous les autres faisaient pitié. Le régulo descendit de cheval par respect, assez loin du lieu où était Kiou kieou, et y remonta de même : la visite fut assez courte, Kiou kieou ne le conduisit que jusqu'à la sortie de sa tente. Le régulo alla ensuite du côté de l'est, chercher So san laoyé à 30 ou 40 lys de nous. Il fit un fort beau temps et fort doux tout le jour : les nuages dont le ciel était couvert le matin, se dissipèrent vers les huit à neuf heures, et un vent de nord-ouest fort frais régna tout le jour, qui empêcha la chaleur. Le 22 nous séjournâmes pour attendre une partie de nos gens restés derrière pour faire chercher leurs chevaux, qui s'étaient perdus pendant la nuit. Ce même prince mongou qui était venu voir Kiou kieou le jour précédent, revint encore ce jour-là le visiter dans sa tente, et lui apporta un présent de viande, de bœuf, de mouton, et de lait, le tout dans des sacs de peaux, qui n'étaient ni tannées, ni passées, mais seulement séchées au soleil. Rien de plus dégoûtant que cette viande qui faisait bondir le cœur, et qui était capable d'ôter l'appétit aux personnes les plus affamées. Cependant on ne laissa pas de servir ce régal dès le soir, non pas, à la vérité, sur la table de Kiou kieou, mais à ses gens, qui, conjointement avec les Mongous, mangèrent fort gaiement cette viande à demi cuite, sans pain, sans riz, et sans sel. Peut-être était-elle salée. Le prince n'avait pas un plus grand équipage que le jour précédent, et il fut reçu de la même manière, sans grande cérémonie.

Je pris de là occasion de m'informer de la puissance et des richesses de ces petits rois. Kiou kieou me dit que celui-là, et la plupart de ceux qui sont tributaires de l'empereur de la Chine, pouvaient avoir environ deux ou trois mille sujets, répandus çà et là dans ces déserts, quatre ou cinq familles dans un endroit, et sept ou huit dans un autre, etc, que la richesse de l'un consistait en trois cents chevaux, des bœufs, des vaches, et des moutons à proportion, et surtout dans les cinq mille taëls que l'empereur lui donne tous les ans ; il m'ajouta que ces princes ne portaient le nom de régulo, que depuis qu'ils s'étaient faits vassaux de l'empereur, qui leur avait donné cette qualité ; qu'au reste ils s'étaient soumis à cette famille impériale des Tartares orientaux, avant qu'ils eussent conquis l'empire de la Chine, et lorsqu'ils étaient seulement maîtres de la province de Leao tong ;